La quantité d’eau nécessaire en disponibilité pour refroidir nos centrales nucléaires en bord de fleuve est de plus en plus problématique l’été, par manque d’eau comme en Isère l’été dernier et aussi parce l’eau qui a servi au refroidissement ressort chaude et qu’à partir d’une certaine température la faune et la flore peuvent être affectées. Cela pourrait aussi s’avérer conflictuel pour les années qui viennent avec les usages agricoles locaux notamment. Le pourcentage d’eau prélevée en France pour l’agriculture s’elevait entre 2008 et 2018 à 45%. Il est estimé à 22% pour la branche nucléaire. Heureusement, certaines centrales de bord de fleuve peuvent être ralenties l’été pour prélever et rejeter moins d’eau. Cela affecte la quantité d’électricité produite mais cela n’est pas problématique l’été car la consommation est moindre du fait de l’absence de chauffage dans les batiments. Il y aura cependant des besoins électriques accrus pour la climatisation à prévoir.

« Le risque d’indisponibilité pour les réacteurs sensibles au climat pourrait augmenter d’un facteur deux à trois. » RTE
Le parc nucléaire français prélève 400 à 500 millions de mètres cubes d’eau chaque année sur 4,1 milliards de m3 consommés dans tout le pays (chiffres France-Info/https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/leau-en-france-ressource-et-utilisation-synthese-des-connaissances-en-2022)
Une centrale de 900 Mégawatt a besoin de 40 m cube d’eau à la seconde et rejettent ensuite 97 % de cette eau, ce qui réchauffe la rivière. Sur les 26 réacteurs, 14 sont en bord de mer.
Il y a une distinction importante à faire entre prélèvement et consommation d’eau pour refroidir les centrales, le conseil d’état affirmait en 2010 que « L’eau consommée représente entre 1% et 3% des prélèvements » par les centrales nucléaires

Pour les 30 réacteurs, en « circuit fermé », « l’eau prélevée et réchauffée dans le condenseur circule ensuite dans l’aéroréfrigérant, où elle est refroidie avant d’être rejetée dans le fleuve. Ce processus entraîne une consommation nette d’eau de l’ordre de 40% du prélèvement ». Autrement dit, 60% de l’eau prélevée pour ces réacteurs est reversée là d’où elle vient et les autres 40% s’évaporent, littéralement, à travers cette sorte de fumée blanche qui s’envole au-dessus des tours de refroidissement.
Sur les 56 réacteurs que compte actuellement le parc nucléaire français, 26 sont en « circuit ouvert », cela signifie que « l’eau froide est pompée dans le fleuve ou dans la mer, vient refroidir le circuit secondaire à travers le condenseur, puis est rejetée dans le fleuve avec une température augmentée ». (RTE- rapport de prospective sur les « Futurs énergétiques 2050 », octobre 2021. )
Attention à entretenir l’illusion d’une « eau magique » car la quantité d’eau citée plus haut doit être absolument disponible pour refroidir les centrales.
Et puis cette eau prélevée rentre en concurence avec des activités économiques, industrielles et agricoles qui se partagent l’eau comme au bord du Rhône en amont des centrales du Bugey (Ain) ou du Tricastin (Drôme)
« Même si une grande partie de l’eau prélevée est restituée, le parc nucléaire français a besoin pour fonctionner de 13 milliards de m3″, Nicolas Garnier, délégué général de l’association Amorce- accompagnement collectivités territoriales
Cette canicule devrait nous pousser à repenser les seuils de température des cours d’eau en vigueur. » Christophe Quintin, président de l’ASN.
« Ces règles de température ne sont pas arbitraires : elles ont été établies pour protéger la faune et la flore et le fonctionnement de l’écosystème des cours d’eau ». Nicolas Garnier
