WOKISTE?

Woke, mot fourre-tout cuisiné à toutes les sauces dans la grande Poêle à f’rire de la bouffonerie médiatique et des polémiques stériles. Risques réels d’intolérance d’une minorité exacerbée avec la volonté de revisiter l’histoire occidentale et son passé vu comme uniquement colonialiste, paternaliste et machiste? Wokiste, mot épouvantail utilisé de plus en plus à des fins politiciennes, mérite que l’on fasse pause afin d’y voir plus clair, de savoir de quoi on parle. Léo Ferré chantait  » C’est extra ». Aujourd’hui tout est « Ultra ». Ultra gauche, ultra droite, ultra riches, ultra cons aussi. C’est le temps des mots composés ; islamo-gauchisme, extrême droite, extrême gauche…, le temps des mots genre puzzle grossis par la loupe médiatique, qui brulent et divisent une société au lieu de l’unir et de rassembler nos forces autour des vrais défis qui nous attendent comme la crise écologique et sociale à venir. Si certains veulent effacer radicalement le passé et des personnes sans filtre (Cancel Culture) en déboulonnant des statues par exemple, d’autres prèfèrent rester dans le déni d’une partie de cette histoire atroce forgée par l’occident à coup d’esclavagisme, de colonisation violente, de vrai racisme. Ceux ou celles qui en doutent peuvent toujours visiter le musée de l’esclavage à Nantes…

Certains spécialistes rapportent l’utilisation de l’expression  » wide awake » par les antiesclavagistes du XIXe siècle qui s’affirmaient déjà « bien éveillés » sous la présidence d’Abraham Lincoln.

Passé simple du verbe anglais to wake, qui signifie en français « se réveiller », le mot « woke » a pris un sens véritablement idéologique dans la langue vernaculaire afro-américaine pour désigner le fait d’être conscient des injustices subies par les minorités ethniques, sexuelles, religieuses, ou de toutes formes de discrimination, et mobilisé à leur sujet« Le Monde »

« Être éveillé » signifie pour moi ne pas « s’endormir » sur des pratiques ou des comportements nuisibles, faire le point sur notre dite « humanité » du passé. « Être éveillé » ne veut pas dire pour autant être excité au point de devenir violent, intolérant. Revisiter l’histoire, oui. Que des plaques de rue ou des statues de personnes disparaissent comme celles de Pétain ou Alexis Carrel (chirurgien, biologiste, lauréat du prix Nobel de physiologie ou médecine en 1912, controversé sur la fin de sa vie car devenu fasciste et admirateur du nazisme) ne semble plus gêner grand monde (encore que)… Il y a de belles personnes au passé vertueux à honorer, à commencer par des noms de femmes, trop souvent oubliés par l’histoire des hommes.

Martin Luther King, avait, dans son discours à l’université de berlin, Ohio, Juin 1965, exhorté les jeunes Américains à « rester éveillés » et à « être une génération engagée« . Que la jeunesse mondiale soit aujourd’hui extrêmement sensible aux problèmes environnementaux et lutte contre les discriminations est logique et important. Parfois cet engagement n’est pas compris car en luttant contre les discriminations, certain(e)s sont discriminants ou offensants… Parfois aussi les actions sont spectaculaires, comme certaines en opposition à des pratiques d’entreprises contraires aux engagements mondiaux en but de limiter le réchauffement climatique. La question est de savoir qui est dans l’idéologie. Tout le monde a un un rêve, comme le clamait Martin Luther King. Le rêve de chacun est confronté à la réalité des autres. « L’enfer, c’est les autres » comme disait Sartre, ce qui veut dire que parfois les rapports avec les autres seraient parfois éprouvants, violents, voire insupportables. Il a ajouté en 1973, dans « Un Théâtre de situations » que « les autres sont au fond ce qu’il y a de plus important en nous-mêmes, pour notre propre connaissance de nous-mêmes ».

Pour conclure, je dirais que ce qu’il manque aujourd’hui, ce sont de véritables débats en profondeur, avec deux éléments fondamentaux mais souvent oubliés : l’écoute et le respect. Notre civilisation a besoin de se réveiller et de sortir de ses carcants, de ses dénis, de ses dogmes en tous genres. Le pouvoir est aujourd’hui un vieillard immature qui ne sait plus conduire mais ce véhicule ne doit pas être laissé entre toutes les mains. Nous vivons une nouvelle et importante transition sociétale. Il va nous falloir plus de tolérance mais aussi aborder les vrais sujets en profondeur et réinventer une nouvelle humanité.

5 commentaires

  1. Article très intéressant, bravo et merci, qui mériterait vous vous en doutez d’être développé, mais l’essentiel est dit et je me permets de reprendre vos mots : « je dirais que ce qu’il manque aujourd’hui, ce sont de véritables débats en profondeur, avec deux éléments fondamentaux mais souvent oubliés : l’écoute et le respect.  » Avez-vous lu Ishmael de Daniel Quinn ? Un dialogue éclairant entre un gorille et un occidental… passionnant. Il se peut que ce livre vous intéresse. Très bonne soirée

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    1. Merci d’avoir pris le temps pour ces mots. Oui il y a temps à dire sur le sujet mais il y a de quoi faire sur Youtube. Je n’ai pas lu Ishmael de Quinn. Ça doit être savoureux vu la description dans Babelio 🙂 . J’avais adoré « Pourquoi j’ai mangé mon père » de Roy Lewis, ce dialogue sur l’évolution entre deux australopithèques.
      Belle journée à vous

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  2. Merci Alan d’avoir si bien expliqué ce qu’est ce fameux wokisme… En fait une nouvelle arme pour embrouiller la nécessaire réflexion sur notre passé, bloquer les évolutions progressistes. Les vidéos dont le débat avec Pascal Blanchard sont parfaites aussi. Il y a du langage type Orwell… la paix c’est la guerre. Du temps perdu pour le climat, pour l’eau, pour la paix !

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