A l’heure ou l’on veut relancer la construction de nouvelles centrales nucléaires EPR en France, retour technique et historique sur ce fiasco pharaonique made in Gaule.
« Cette course entre les deux entreprises françaises (EDF & Areva) conduit au lancement précipité des chantiers de constructions des deux premiers EPR, sur le base de références techniques erronées et d’études détaillées insuffisante… la filière nucléaire (avait) fait preuve d’une trop grande confiance, inspirée par la construction réussie d’un parc de 58 réacteurs ». La Cour des comptes.

Historique (2007-2024…)
En France, EDF anticipe un éventuel renouvellement des centrales à l’horizon 2020, en remplacement des tranches REP (Réacteur à eau pressurisée) qui arriveront en fin de vie. Afin de bénéficier d’un retour d‘expérience de conception et d’exploitation pour la construction de réacteurs à partir de 2020, EDF décide (avec l’accord des autorités gouvernementales) de construire la (seconde) tête de série de l’EPR sur le site de la centrale de Flamanville pour une mise en service initialement prévue en 2012, mais repoussée à plusieurs reprises, notamment en raison d' »anomalies de fabrications » sur une cuve comme annoncé par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en avril 2015. En août 2019, elle est prévue pour la fin 2022. Elle est repoussée à 2023 puis tout récemment à mi 2024… Le chantier atteint donc 15ans de retard par rapport à la planification initiale de construction de ce réacteur pressurisé européen.
Ce délai supplémentaire de six mois entraînera un surcoût de 500 millions d’euros qui portera le montant total de l’EPR de Flamanville, dont le chantier a été lancé en 2007, à 13,2 milliards d’euros, a précisé EDF. C’est quatre fois le budget initial de 3,3 milliards d’euros.
« Le nouveau retard est dû à la nécessaire révision de procédures de traitement de quelque 150 soudures «complexes», au sein du circuit secondaire principal du réacteur » Alain Morvan, directeur du projet Flamanville 3.


La cuve est en acier et revêtue d’une « peau » en acier inoxydable. Elle est munie d’un couvercle qui est enlevé pour les opérations de renouvellement du combustible. En fonctionnement normal, la cuve du réacteur est remplie d’eau maintenue à une pression de 155 bar et à une température de l’ordre de 300 °C.
La cuve fait partie du circuit primaire qui permet l’évacuation de la chaleur produite par le cœur grâce à une circulation d’eau dans des boucles de refroidissement. Le circuit primaire constitue la deuxième barrière de confinement de la radioactivité, la première étant constituée des gaines des assemblages de combustible et la troisième de l’enceinte de confinement et ses extensions.
La cuve fait partie des équipements dits « en exclusion de rupture ». Cela signifie que sa défaillance et sa rupture ne sont pas postulées dans la démonstration de sûreté.
En conséquence, sa conception, sa fabrication et son suivi en service font l’objet de dispositions de contrôle particulièrement exigeantes afin d’écarter le risque de rupture (règles de conception spécifiques, procédés de fabrication et de contrôle permettant de démontrer l’obtention d’un très haut niveau de qualité de fabrication, contrôles non destructifs renforcés en service…).
Source : IRSN

Fin 2014, Areva NP a découvert une anomalie de fabrication de l’acier du couvercle et du fond de la cuve du réacteur EPR de Flamanville. Cette anomalie remet en cause certaines caractéristiques mécaniques de l’acier de ces composants, notamment sa ténacité, c’est-à-dire sa capacité à résister à l’amorçage d’une fissure en cas de défaut préexistant… Fin 2016, Areva NP a transmis le dossier d’analyse des conséquences de l’anomalie du couvercle et du fond de la cuve du réacteur EPR… l’ASN DEP et l’IRSN concluent que, si Areva NP a démontré l’aptitude au service du couvercle et du fond de la cuve du réacteur EPR de Flamanville, des dispositions de suivi en service doivent être mises en œuvre…
Consulter toutes les informations sur l’expertise de l’IRSN sur la cuve de l’EPR dans leur dossier dédié
L’EPR ailleurs dans le monde
Les deux premiers EPR à être entrés en fonctionnement dans le monde, en 2018 et 2019, se trouvent en Chine, à Taishan. Un incident a conduit à l’arrêt, en juillet 202, de l’un d’eux. En cause, « un phénomène d’usure mécanique de certains composants d’assemblages », selon EDF, qui assure que ce dossier « ne remet pas en cause le modèle EPR ».
Après seize ans de chantier et douze ans de retard sur la date de mise en service prévue initialement, le réacteur nucléaire EPR de la centrale d’Olkiluoto, construit par le français Areva en Finlande, a démarré dans la nuit du 21 décembre 2021.
Au Royaume-Uni, le 27 janvier 2021, EDF a reporté de 2025 à 2026 le démarrage de l’EPR Hinkley Point C. Un retard accompagné d’un surcoût de plus de 600 millions d’euros.
Source : Sud-Ouest