L’histoire d’Inch’Allah / Salvatore Adamo

Cette chanson pour la paix, écrite en 1967 et modifiée par l’auteur, toujours pour la paix en 1993 (*) est malheureusement toujours d’actualité et ses paroles poétiques et magnifiques résonnent toujours aujourd’hui à propos de ce conflit qui dure entre Israêl et la Palestine et bien au delà pour moi, à propos de celui qui oppose Russie et Ukraine. J’ai beaucoup de respect pour cet homme, sa modestie et son engagement réel, encore aujourd’hui avec cette chanson qui s’appelle « Migrants ». Il vient de sortir un album « In French Please » ou il a traduit avec une belle justesse des chansons du répertoire anglophone.

« Mes parents avaient la misère aux trousses, sans doute pas la mort. Ceux d’aujourd’hui ont souvent la mort et la misère aux trousses. » Adamo

« Requiem pour toutes les âmes
De ces enfants, ces femmes, ces hommes
Tombés des deux côtés du drame
Assez de sang, Salam, Shalom
« 

Adamo/ Strophe de fin d’Inch’Allah

La genèse de la chanson

« C’était en octobre 1966, j’étais en tournée en Israël. Un jour, j’ai entrepris une visite de Jérusalem, comme n’importe quel touriste, une visite très émouvante, parce que je retrouvais les noms bibliques du catéchisme de mon enfance, comme le jardin de Gethsémani ou le Mont des Oliviers. Et puis, tout d’un coup, la réalité m’est tombée dessus. À un moment, alors que je voulais entrer dans une chapelle, un soldat m’a repoussé en me désignant un panneau sur lequel était écrit «Danger frontière». Quand je suis rentré à l’hôtel, la chanson était dans ma tête. Les détails qui peuvent passer pour des métaphores, comme le papillon sur les barbelés, sont en fait la retranscription de choses vues ou entendues. Jai écrit la musique deux jours après, à Eilat. J’étais devant les mines du Roi Salomon, dans la vallée de Timna, avec ma guitare, et la mélodie m’est venue en contemplant ces montagnes à l’ocre tranchant avec le vert turquoise du minerai. Je ne me suis aperçu que plus tard que la musique collait avec les paroles. » Adamo, dans une chronique Musée Sacem / interview de Philippe Barbot, journaliste musical de Télérama à Rolling Stone

La polémique

« Avec la Guerre des Six-Jours, qui a éclaté huit mois après, elle a pris une dimension que je n’avais pas prévue. C’était pourtant un message de paix, et j’avais justement choisi le titre Inch Allah, une expression arabe, pour le signifier. Mais la chanson a été mal interprétée, elle m’a valu une interdiction qui dure, encore aujourd’hui, dans certains pays arabes. J’ai sans doute été un peu naïf… » Adamo / chronique Musée Sacem / interview de Philippe Barbot.

C’est la version chantée par le Duo Adamo/Maurane que j’ai choisi de vous partager

J’ai vu l’Orient dans son écrin

Avec la lune pour bannière

Et je comptais en un quatrain

Chanter au monde sa lumière

Mais quand j’ai vu Jérusalem

Coquelicot sur un rocher

J’ai entendu un requiem

Quand sur lui je me suis penché

Ne vois-tu pas Humble Chapelle

Toi qui murmures paix sur la terre

Que les oiseaux cachent de leurs ailes

Ces lettres de Feu Danger Frontière

Mais voici qu’après tant de haine

Fils d’Ismaël et fils d’Israël

Libèrent d’une main sereine

Une colombe dans le ciel

Inch’Allah, (x4)

Et l’olivier retrouve son ombre

Sa tendre épouse, son amie

Qui reposait sur les décombres

Prisonnière en terre ennemie

Et par dessus les barbelés

Le papillon vole vers la rose

Hier on l’aurait répudié

Mais aujourd’hui, enfin il ose

Requiem pour les millions d’âmes

De ces enfants, ces femmes, ces hommes

Tombés des deux côtés du drame

Assez de sang, Salam, Shalom

Inch’Allah, (x4)

Inch’Allah / Version originale 1967

Des paroles modifiées par l’auteur

Sa chanson Inch’Allah, écrite avant la guerre des Six Jours, est interdite dans la plupart des pays arabes pour son texte qu’ils jugent pro-israélien. L’artiste affirme que sa chanson est une chanson de paix et veut le prouver en publiant (*), en 1993, un texte modifié dans lequel les références négatives aux ennemis d’Israël sont estompées. La strophe conclusive, qui était un « requiem pour six millions d’âmes (…) qui malgré le sable infâme, ont fait pousser six millions d’arbres », devient un « requiem aux millions d’âmes (…) tombées des deux côtés du drame. Assez de sang. Salam, Shalom ». (source Wikipédia).

« Je me suis rendu compte que je n’avais pas suffisamment fait allusion à la souffrance du côté palestinien. » Adamo


« Alors, j’ai voulu nuancer un peu le texte, notamment à l’époque des espoirs de paix et de la poignée de main historique entre Sadate et Begin, en 1979. Pour être équitable, j’ai modifié aussi la fin, qui citait les six millions d’âmes de la Shoah, en évoquant les deux côtés du drame. Du coup, certains m’ont reproché d’avoir retourné ma veste, d’être devenu antisémite, ce qui est un comble ! » / « J’ai suivi mes émotions, je ne regrette rien. J’étais sincère quand je l’ai écrite, j’étais sincère, aussi, quand je l’ai modifiée. Une de mes plus grandes joies, c’est d’avoir pu l’interpréter en 2003, en Tunisie, au théâtre antique de Carthage. Au début, on m’avait suggéré d’éviter de la chanter, mais ça été, pourtant, la chanson la plus applaudie du concert. Ce qui montre que le peuple est capable de comprendre, et que ce sont les dirigeants qui sont parfois rigides et dogmatiques…

J’ai vu l’orient dans son écrin
Avec la lune pour bannière
Et je comptais en un quatrain
Chanter au monde sa lumière

Mais quand j’ai vu Jérusalem
Coquelicot sur un rocher
J’ai entendu un requiem
Quand sur lui je me suis penché

Ne vois-tu pas humble chapelle
Toi qui murmures paix sur la terre
Que les oiseaux cachent de leurs ailes
Ces lettres de feu danger, frontière

Le chemin mène à la fontaine
Tu voudrais bien remplir ton seau
Arrête-toi Marie-Madeleine
Pour eux ton corps ne vaut pas l’eau

Inch’Allah
Inch’Allah
Inch’Allah
Inch’Allah

Et l’olivier pleure son ombre
Sa tendre épouse, son amie
Qui repose sous les décombres
Prisonnières en terre ennemie

Sur une épine de barbelés
Le papillon guette la rose
Les gens sont si écervelés
Qu’ils me répudieront si j’ose

Dieu de l’enfer ou Dieu du ciel
Toi qui te trouves où bon te semble
En Palestine, en Israël
Il y a des enfants qui tremblent

Inch’Allah
Inch’Allah
Inch’Allah
Inch’Allah

Et le temps passe et rien ne change
Toujours la mort, toujours l’horreur
Toujours ceux que la paix dérangent
Qui veillent à ce que le monde est peur

Mais oui j’ai vu Jérusalem
Coquelicot sur un rocher
J’entends toujours ce requiem
Lorsque sur lui je suis penché

Requiem pour toutes les âmes
De ces enfants, ces femmes, ces hommes
Tombés des deux côtés du drame
Assez de sang, Salam, Shalom

Une chanson internationale

La chanson « Inch Allah » a été créée par Salvatore Adamo qui l’a également interprétée en anglais, en italien et en espagnol.
Une version anglaise, « Insha’allah » est chantée par Helmut Lotti alors que des versions néerlandaises sont interprétées par Rob de Nijs et Luc Steeno.
Richard Anthony chante une version en arabe alors que Sandy Wolfrum et Katja Ebstein chantent en allemand et que le chanteur argentin Juan Ramon interprète « Quiero Dios ».
En tchèque, « Slib » est interprété par Naďa Urbánková.
Richard Anthony et Katja Ebstein ont également repris la version originale, tout comme J.M. Baule, Ginette Favel, Freddy Birset, Amàlia Rodrigues et, qu’en 2019, Ras Ngabo & Iwacu Rock Reggae.
Salvatore Adamo a aussi repris le titre en duo avec Maurane et avec Calogero.

2 commentaires

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s