Un homme est suspendu
Les deux bras tendus
Au dessus des flots
Son âme mûre
Se fissure avec le temps
Qui ne fait pas semblant
Au bout de chaque bras
Il tient une amarre
Tribord Amure
Celle nommée désir
Tiraillé par le plaisir
L’autre
Babord Amure
Se nomme la peur
De quitter le bord
Engourdi par le confort
Cœur écartelé
Entre vents contraires
Loup solitaire
Ou
Genou à terre
Il ne veut
Ni Solitude
Ni Servitude
Ses bras sont douloureux
Il ne peux plus tenir
Alors
Il lâche prise
Et tombe dans les eaux
Profondes et glacées
De la pluie du vide
D’abord la peur
Celle de mourir
Noyé par le chagrin
Puis
L’apaisement
Dans ce bleu magnétique
Il perçoit encore cette lumière
Qui s’éloigne
Comme un cœur qui s’éteint
Son corps ralenti par le froid
Piqure d’anesthésie
Vers l’au-delà
Dans cette encre trouble et noire
Son regard néant est soudain attiré
Par deux étincelles
Au cœur d’un visage
Il croit d’abord à un mirage
Le dernier avant la mort
Mais une main d’ange le saisi
L’attirant vers les eaux claires
Il sent son corps renaître doucement
Mais il commence à manquer d’air
La panique l’envahît
Alors
Une deuxième main
Puis un corps l’entoure
Deux lèvres lui insufflent
Doucement la vie
L’énergie pour tenir
Et puis
Dans un dernier élan vers le ciel
Leurs bras percent les flots
Vers un souffle nouveau
L’amer s’est apaisé
A tribord amour
Un voilier et son aile
Battante face au vent
L’amarre du désir est là
Ils la saisissent
Et remontent jusqu’au navire
Epuisés mais heureux
Comme deux naufragés
S’échouant sur un île
Il savourent l’instant
Le nouveau présent
La grand voile est hissée
Pour un nouveau cap
Une aventure
Loin de l’ennui
Loin du mépris
@Aln Mabden / Tous droits réservés Vendredi 28 Octobre 2022