Histoire d’eau (5) / 21e siècle / L’eau douce devient rare et précieuse

Dans le chapitre précédent, nous avons abordé l’enjeu du recyclage des eaux usées, indispensable pour remettre dans le cycle une eau dépolluée et réutilisable. L’eau douce ,déjà présente en faible quantité sur terre, devient rare du fait d’une démographie en constante augmentation et du réchauffement climatique et les canicules à répétition qui accentuent la sécheresse avec un impact sur les pluies et le niveau des rivières et des nappes phréatiques. Il va donc falloir économiser fortement et revoir un certain nombre de pratiques et de consommations. Le gaspillage, les fuites d’eau de canalisations ou les prélèvements excessifs de certains secteurs d’activités devront être sérieusement remis en cause. Le 21e siècle est un passage hyper délicat pour l’humanité. L’eau devient plus que jamais un trésor à sauvegarder. Notre survie en dépend.

Eau douce réellement utilisable

Commençons par des différences importantes entre l’eau disponible sur la planète, très salée, qui compose nos océans et celle qui nous permet de cultiver, de boire, de nous laver…

L’eau douce ne représente que 3% de l’eau présente sur la terre, dont 70% stockée dans les glaciers et 30% en souterrain. Mais l’eau douce de surface (lacs, rivières, humidité du sol) ne représente elle que 0,4% de ces 3%… Je vois le stress hydrique couler sur votre front ;).

Prélèvements et consommation

Après, il y a une différence à prendre en compte entre prélèvements et consommation. Le prélèvement est la quantité d’eau prélevée à des fins agricoles, énergétiques, industrielles ou domestiques. La consommation est l’utilisation humaine des ressources ou des réverves d’eau. Ceci est très important car certains secteurs d’activité, certaines pratiques ou habitudes prélèvent une quantité astronomique qui serait bien utile à d’autres usages. C’est une question de bon sens et cela devient vital.

La part de l’eau utilisée par l’industrie a baissé, du fait de meilleures pratiques (recyclage des flux), et d’une baisse de l’activité manufacturière. L’essentiel des prélèvements en France est utilisé par le secteur de l’énergie. Les centrales nucléaires et thermiques prélèvent l’eau des fleuves pour leur refroidissement.

En France, 61 % de l’eau est prélevée par les centrales nucléaires et thermiques. Une partie est rejetée dans l’atmosphère (les volutes qui s’échappent des tours de refroidissement), mais 90 % est réintroduite dans la nature.

Avec le réchaufement climatique, de nombreuses centrales risquent d’être arrêtées faute de ce précieux carburant disponible pour leur refroidissement, l’eau! La quantité prélevable est aussi dépendante de réglements pour la préservation de la faune et la flore. Une eau qui sort d’une centrale ne doit pas trop réchauffer l’eau des fleuves. Sinon, il y a des conséquences écologiques.

Disparités de consommation d’eau dans le monde

Les besoins et les pratiques de consommation varient beaucoup dans le monde. Nous sommes en occident dans le gaspillage illimité des ressources…

Un Nord américain consomme 600 litres d’eau par jour, un européen 150 à 300 litres alors qu’un africain sub-saharien moins de 20 litres.

93 % de la consommation d’eau par foyer des pays riches est consacrée à l’hygiène et au nettoyage dont 39 % aux bains-douches. Nos chers wawa utilisent 20 % de cette eau. Bien sûr, on peut et on va de plus en plus recycler ces eaux polluées mais cela demande beaucoup de moyens et d’énergie. Donc, vive les toilettes sèches et l’usage modéré des douches et surtout des bains!

L’agriculture et l’eau

Source : vivasciences gembloux.ulg.ac.be

Le lien entre l’agriculture et l’eau est fondamental. Avec une consommation de 70% du volume d’eau douce prélevée dans le monde, elle est la principale utilisatrice de cette précieuse ressource. En particulier la culture du riz (riziculture), qui consomme bien plus d’eau que celle de n’importe quelle autre céréale.

Cette eau provenait essentiellement du ciel mais les pluies se font de plus en plus rares et il faut pomper de plus en plus dans les réserves...

Les chiffres, la consommation et l’eau

Les chiffres varient selon que l’on est vegan, militant écologiste, viandard ou éleveur de bovins. Souvent ce sont des chiffres qui manquent de précision. Selon la méthode utilisée, les chiffres varient de 50 à 15 000 litres pour la production de 1 kilo de viande et de 3 à 1 000 litres pour produire 1 litre de lait !… Bon, une vache consomme 40 à 120 litres d’eau par jour. Si je vous dis 60 en moyenne ça vous va? Ca fait 60 X 365 jours = 21900 litres par an quand même. Toute cette eau qui jusqu’alors provenait de l’eau de pluie et/ou stockée dans la végétation risque de manquer en raison du réchauffement et des canicules. Le plus important est de comprendre qu’il faut une grande quantité d’eau et beaucoup de surface agricole pour faire pousser certains végétaux. Il n’est donc pas judicieux de se gaver de tee-shirts neufs en coton, de cuir et de viande de bœuf…

De toutes façons, c’est le climat qui va trancher. Certains éleveurs vont devoir réduire leur cheptel, faute de gazon à meuh. Certains céréaliers envisagent d’autres plantations face au défi climatique

Cinquième céréale la plus produite au monde après le maïs, le riz, le blé et l’orge, le sorgho reste une plante africaine méconnue qui pourrait pourtant devenir un aliment phare de nos assiettes. Par ses faibles besoins en eau et une résistance aux fortes chaleurs, elle semble idéale pour s’adapter à une dérive climatique qui bouscule chaque année davantage l’agriculture conventionnelle. La consommation de sorgho reste pour le moment essentiellement dédiée à l’élevage alors même que le climat nous impose une diminution nette de nos émissions de méthane issue des viandes de ruminants (boeuf, vache, mouton). Tout l’enjeu est donc de proposer cette céréale du sud à la consommation humaine. L’intégration du sorgho dans les cantines scolaires et d’entreprises serait un bon départ, d’autant que cette céréale est particulièrement intéressante pour les diabétiques qui craignent les glucides et les allergiques au gluten.

Irriguer avec moins d’eau

Toutes les plantes ont besoin d’eau, et lorsque, dans certaines régions, les précipitations ne suffisent pas, c’est l’irrigation qui prend le relais. La gestion de la ressource hydrique dans le domaine agricole mérite dès lors une attention toute particulière. Sa bonne maîtrise peut notamment permettre une augmentation importante de la productivité, alors qu’une irrigation mal conduite peut générer, entre autres, la surexploitation et l’épuisement des ressources disponibles.

Il existe de nombreux exemples de gestion non adaptée de la ressource hydrique. Le cas de l’Inde en fait partie : les fortes subventions attribuées depuis la Révolution verte aux forages et pompes pour la culture du riz et du blé, ont favorisé une surexploitation de l’eau, entraînant notamment l’épuisement des nappes phréatiques et des phénomènes d’engorgement des terres.

Afin d’éviter cela, il est primordial de considérer les quantités d’eau disponibles localement (via les précipitations et les rivières par exemple) et choisir les espèces à cultiver et les modes de production en fonction. Pour illustrer ce lien fondamental, la culture de riz, seule céréale capable de survivre dans des conditions d’inondation, est un très bon exemple.

Le riz est la seconde céréale alimentaire cultivée dans le monde, et sa production est pratiquée dans un large éventail de conditions climatiques et hydrologiques, depuis le bord de la mer dans les mangroves de Guinée, jusqu’au flanc des montagnes chinoises ou péruviennes. Cette diversité de conditions s’accompagne d’une large gamme de pratiques culturales, comme la riziculture inondée ou celle pratiquée sans submersion. Il existe de nouvelles méthodes d’irrigation à Bali, au Niger ou au mali qui permettent d’utiliser beaucoup moins d’eau.

Rizières à Bali

Les rizières sont toujours irriguées de façon traditionnelle à Bali, et ce depuis des centaines d’années, grâce aux « subak », les organisations hydrauliques présentes ici dans tous les villages, même les plus petits. Ce sont des systèmes d’irrigation et de gestion de l’eau ingénieux, qui fonctionnent grâce à des canaux et des barrages. Les agriculteurs balinais sont tous membres d’une subak. Ainsi, tous les agriculteurs dont les terrains se situent à proximité les uns des autres bénéficient de la même source d’irrigation. La culture du riz nécessite des quantités importantes d’eau et toutes les rizières ne peuvent pas être irriguées en même temps. Les rizières étant présentes en très grand nombre à Bali, cela nécessiterait des quantités d’eau astronomiques. Elles sont donc alimentées en eau de façon alternées, en fonction de leurs stades de pousse. C’est un système très efficace qui permet d’avoir jusqu’à 3 récoltes de riz par an.

Nous voyons donc dans ce chapitre sur notre histoire et notre rapport à l’eau, l’importance grandissante de la façon dont nous gérons cette ressource indispensable à notre survie. Dans le prochain article, j’aborderais la question fondamentale de notre rapport à la nature et l’importance des arbres dans le cycle de l’eau. Le livre de Giono, « l’homme qui plantait des arbres » et Madame Wangari Mattaï y auront une place privilégiée. Retour aux fondamentaux sur le cycle de l’eau. La reconquète du désert et de notre vie doit-elle se faire par la technologie ou par un néo-retour à la nature réapprivoisée?

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