
Le premier système d’approvisionnement en eau potable pour alimenter une ville entière fut construit à Paisley, en Ecosse en 1804 par John Gibb, dans le but d’approvisionner en eau sa blanchisserie et la ville entière. Durant trois ans, l’eau filtrée était transportée à Glasgow.
A Paris, en 1806, il y eu un grand projet d’installation de traitement de l’eau. L’eau était décantée pendant 12 heures avant d’être filtrée. Les filtres étaient constitués de sable et de charbon de bois et étaient remplacés toutes les 6 heures.
En 1827, l’anglais James Simpson construit un filtre à sable pour purifier l’eau de boisson.
La machine à vapeur et l’eau sous pression
Au milieu du 19ème siècle, la généralisation de la machine à vapeur rend possible la réalisation de réseaux d’adduction sous pression desservant les logements individuels. A l’instar de Paris, les grandes de villes de France et successivement les plus petites se lancent dans des grands travaux de canalisation et/ou distribution de l‘eau mais aussi d’évacuation des eaux usées, ce que l’on appelle les égouts.
Les eaux de Paris

Sous le second Empire, l’arrivée du Baron Georges Eugène Haussmann (1809-1891) à la préfecture de Paris agit comme un accélérateur.



Le préfet Hausmann confie à Eugène Belgrand (1810-1878), ingénieur et géologue, la responsabilité du service des eaux et des égouts de Paris. La capitale se lance alors dans de grands travaux, le système de canalisations (de distribution) connaît un développement extraordinaire, chaque immeuble, chaque maison de la capitale bénéficie de l’eau courante. C’est aussi à lui que l’on doit le réseau de tout à l’égout de la capitale.
Sous terre, le réseau d’eau potable de Paris intra-muros représente 2000 km de canalisations. Ouvrage urbain unique au monde, le réseau d’assainissement de Paris n’a pas beaucoup changé depuis les grands travaux de Haussmann. S’il a transformé le visage de Paris, ce réseau est encore aujourd’hui d’une perfection technique remarquable. Des fibres optiques côtoient désormais des canalisations d’eau potable et non potable centenaires.



La microbiologie
Des études sur la filtration de l’eau (par le sable), sur la décantation et la coagulation voient le jour et permettent une meilleure qualité de l’eau distribuée puis, à partir de 1880, l’essor de la microbiologie, sous l’impulsion de Pasteur, Koch (tuberculose) et Eberth (typhoïde), ouvre une nouvelle ère dans l’approche de l’alimentation en eau potable. La corrélation entre eau de mauvaise qualité, contaminée par les microbes et épidémies, est démontrée.
“Nous buvons 90% de nos maladies“ Louis pasteur

L’histoire du traitement de l’eau potable va dès lors s’accélérer, sous l’effet conjugué de besoins plus importants et, surtout, des progrès de la chimie.
La loi de 1902 sur la santé publique instaurera de nombreuses mesures inspirées par les hygiénistes.
Au début du 20ème siècle, les traitements chimiques apparaissent. De nombreux produits sont essayés notamment l’ozone et le chlore.
L’emploi du chlore se généralise après la première guerre mondiale de 1914-1918.

La verdunisation est un procédé de désinfection de l’eau mis au point par Philippe Bunau-Varilla qui consiste à injecter de l’eau de Javel diluée juste à l’entrée des pompes centrifuges. Le brassage énergique du mélange agit synergiquement avec le désinfectant, améliorant l’efficacité de la désinfection. La technique, d’abord testée à Paris en 1911, a été améliorée par l’optimisation des doses de chlore) et l’automatisation, pour aboutir à l’« autojavelliseur automatique » de Bunau-Varilla. Ce procédé de chloration fut d’abord testé dans la région de Verdun à la suite de la bataille de 1916 et pendant et après la Première Guerre mondiale dans une zone particulièrement vulnérable aux épidémies en raison de la présence d’une multitude de cadavres humains et animaux dans les cours d’eau et sur les points d’eau.
Le nom de l’eau javel vient du nom du lieu où elle était fabriquée à l’origine à la fin du XVIIIe siècle dans le quartier de Javel à Paris. Le mot Javel en lui-même vient du nom « Javetz » donné au quartier au XVe siècle. Les « Javetz » étaient le nom que l’on donnait aux iles éphémères de la Seine formées au rythme des crues et des décrues. Au fil des siècles « Javetz » devint « javeaux » donnant au singulier « javeau » pour devenir « javelle » et l’uniformisation de la langue au XXe siècle a conservé la forme « Javel ».
En 1930, seulement 23 % des communes disposent d’un réseau de distribution d’eau potable à domicile. En 1945, 70% des communes rurales ne sont toujours pas desservies.
Il faudra patienter jusqu’à la fin des années 1980 pour que la quasi-totalié des domiciles français soient raccordés au réseau d’eau courante. Aujourd’hui, c’est pas moins de 26 millions de familles qui consomment de l’eau de ville au quotidien, une eau pure, agréable à boire et surtout extrêmement contrôlée.
Le 20e siècle fut placé sous le signe du progrès. Pourtant ce mot n’a pas été qu’un synomyme de bienfait. Durant les années 70-80, l’industrie et l’agriculture intensive continuent de déverser dans les fleuves et rivières quantités de produits chimiques avec de graves conséquences sur l’éco-système. D’un côté on purifie l’eau et elle devient accessible à tous, de l’autre on la pollue.
Nous verrons dans le prochain épisode comment ce défi majeur aura été relevé fin 20e début 21e siècle, notamment par les stations d’épuration.
Intéressante série sur l’eau. Merci Alan !
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Merci Alain. J’ai aussi beaucoup appris en la réalisant 💦
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