Evoquer cette énergie attise les passions entre les pro et les anti. Pour avoir été anti dans le passé, avec passion (comme mes sœurs et tatys bigoudènes ), je suis aujourd’hui anti, avec raison cette fois. Je sais, en écrivant ces lignes, que certains de mes lecteurs (trices) sont pro, avec raison, soit par nécessité (« On ne peut pas faire sans ! « ), soit avec passion, car convaincu(e)s scientifiquement, arguments à l’appui, du bien fondé de cette technologie et même de la nécessité de continuer dans cette voie. Je ne crois pas convaincre et encore moins « convertir ». J’y perdrais mon temps et mon énergie ;)…
Il y a cependant des arguments, des éléments ou des chiffres à connaître quand on se retrouve en « débat » ou lorsque l’on se retrouve en situation de faire des choix, au moment d’un vote par exemple.
Pour moi, le nucléaire, c’est l’énergie des passés, ceux de la surabondance et du gaspillage, de la croyance à la sacro sainte croissance sans fin, de la centralisation de l’énergie avec grands pylones et leur très haute tension qui parcourent nos campagnes, de la vision ultra cartésienne qui pense que la science et la technologie vont nous rendre maîtres de la nature et que, de toutes façons, on aura réponses et solutions à TOUS les problèmes engendrés par l’exploitation de cette énergie.
Sauf que…
Aujourd’hui, en France, de très nombreux réacteurs sont à l’arrêt pour vérification (vieillissement, fissures…), que les canicules successives engendrent des problèmes de refroidissement et d’impact environnemental sur nos rivières.
En moyenne, selon une étude de 2008 de l’Electric Power Research Institute, les centrales nucléaires consomment davantage d’eau de refroidissement que toutes les autres centrales thermiques, qu’elles fonctionnent avec du fioul, du gaz ou du charbon : de 133 000 à 190 000 litres d’eau par MWh pour les centrales avec refroidissement en prise directe, et de 2850 à 3420 litres par jour pour les centrales ayant un système de refroidissement fermé (tour de refroidissement).
Nous voyons aussi dans l’actualité toute récente qu’un conflit armé sur un territoire peut s’apparenter à un suicide collectif potentiel. Garder une centrale exposée à un potentiel tsunami au bord de nos côtes ou d’un lieu potentiellement sysmique y ressemble tout autant.
Certes cette énergie est très efficace mais elle génère toujours autant de déchets radioactifs qu’on enfoui à très grands frais, pour un nombre d’années inestimé et sans réelle perspective d’amélioration. Les « espoirs » lié à la construction d’EPR « fondent » et explosent des budgets déjà prodigieux sans résultats concrêts à la clef. Quand aux perspectives d’ITER, peût-être au mieux en 2060, si tout va bien…, sauf qu’on aura pas le temps vu la vitesse du changement climatique.
Oui, mais mon cher Monsieur, vous êtes bien gentil et bien brave mais nous n’avons pas le choix! Ce n’est pas avec vos panneaux solaires et vos éoliennes qu’on va faire tourner la France, on va pas revenir à la lampe à pétrole et au charbon, ah, ah, Mdr, etc…
Bon, d’abord je suis ni gentil ni brave. Je ne suis tout simplement pas dans le déni des réalités. Le style « On verra bien » ne fonctionne pas avec le nucléaire. On hypothèque pas l’avenir de X générations futures sous prétexte qu’on se sent immortel sachant qu’au pire cher Monsieur ou chère Madame, vous serez vous décédés (et moi avec )dans, allez, tiens je suis « très gentil », dans 10 à 60 ans maximum et les enfants et les petits enfants que vous avez élevés avec amour (n’est-ce pas ?) vont devoir récupérer la fameuse patate chaude :).
Le vieux monde s’effondre et c’est tout le bien qu’on peut se souhaiter. Franchement, essayez d’imaginer continuer avec chacun sa petite auto, sa petite cuisine ikéalisée, son dressing hyper chargé, tout ça pour 8 milliards d’êtres humains bien sûr. Même en film, j’arrive pas à réaliser.
Oh la la la vie en rose
Le rose qu’on nous propose
D’avoir les quantités d’choses
Qui donnent envie d’autre chose
Aïe, on nous fait croire
Que le bonheur c’est d’avoir
De l’avoir plein nos armoires
Dérisions de nous dérisoiresAlain Souchon « Foule sentimentale »
Ben oui mais kescon va devenir?
Pas de panique! On va juste se calmer et penser autrement. Arrêter la machine infernale du toujours plus. Plutôt l’inverse d’ailleurs : moins produire et donc utiliser moins d’énergie. Se mettre à refaire (comme mamie bigoudène) de la qualité, du durable, relookable et vraiment réparable. Se prêter ou revendre des meubles, des vêtements, des objets d’occasion. Choisir aussi des objets moins énergivores.
Oui mais ma bagnole à piles, je vais faire comment? Comme ça, en mode partagé de préférence 🙂 :



Oui mais l’hiver? Déjà en ville, une voiture, c’est plus très utile et pratique avec les transports en commun et les espaces piétonniers qui se développent et puis une électrique en ville ça consomme très peu (autant qu’un frigo pour une semaine chez toi). Même en hiver, pendant que tu travailles et que ta voiture ne sert à rien sur le parking, elle se recharge. Ensuite, franchement pour l’avoir testé, aller aux sports d’hiver en train+taxi ou car sur place, quel confort et quel repos!
Oui mais!
Oui mais koi?
En aliant efficacité, sobriété voire frugalité énergétique, intelligence de conception genre systémique, innovation, véhicules partagés, habitats isolés et bioclimatiques et j’en passe car la liste est longue, on peut vraiment se passer de nucléaire tout en émettant moins moins de CO2 grâce aux énergies renouvelables.
Oui mais!
Ok.
Alan Mabden / Dimanche 21 Août 2022

Je viens de lire l’excellent roman graphique d’Etienne Davodeau « Le droit du sol » qui a fini de me convaincre. Bravo Alan pour la clarté de tes arguments. J’ajouterais que le nucléaire est bien commode pour penser qu’il est possible de continuer ainsi sans remettre en question la loi du profit maximal pour quelques uns…
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Merci pour ton commentaire et pour citer Davodeau, cet auteur de BD que j’aime beaucoup. Tu as raison de compléter en évoquant la liaison dangereuse du monde de l’argent avec l’industrie nucléaire. Il s’agit d’un grand lobby qui fricote dur avec les partis politiques.
Il en est de même pour l’industrie de l’armement et celui de la pharmacie.mais c’est une autre histoire 😉
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