The Doors, ce groupe mythique, est la création de deux potes. Manzarek se produit à la tête d’une formation blues. Morisson écrit pour un cours de cinéma à l’UCLA et c’est là qu’il rencontre Ray Manzarek , le futur claviériste et véritable compositeur des Doors.
Sur la plage solaire de Venice, à Los Angeles, en 1965, ces deux étudiants en cinéma décident de former un groupe. Jim, choisi le nom du groupe “The Doors” (« les portes »), un nom inspiré du poème de William Blake avec le but « d’ouvrir les portes de l’inconnu« .

« Lorsque j’ai retrouvé Jim sur la plage de Venice, il était aussi fauché que moi. Il m’a dit qu’il venait d’écrire quelques morceaux, puis il m’a chanté Moonlight Drive. Je n’avais jamais entendu de texte comme celui-là dans une chanson de rock. On a décidé de monter un groupe ensemble avec pour but de gagner un million de dollars. » Ray Manzarek
Morrison n’a encore jamais chanté. Il aime Jean Renoir et Rimbaud, rêve de tourner sa Grande illusion ou d’écrire son Bateau ivre.
Jim Morisson, le poète contrarié
Né en 1943 à Melbourne, Jim Morrison grandit auprès de son père amiral à la Navy, de sa mère femme au foyer, et de son frère et sa sœur. En raison du métier de son père, la famille Morrisson déménage régulièrement. Il passe une adolescence mouvementée.

(Sipa)
Il se dit qu’il martyrisait ses frères et soeurs dans son enfance, un peu exhibitionniste sur les bords, aimant provoquer et choquer.

Le jeune Jim se passionne très tôt pour les arts en général, incluant la littérature, la poésie et les arts visuels. Bien qu’il soit un enfant très intelligent avec d’excellentes notes à l’école, jusqu’à ce qu’il décide à un moment donné que tout cela ne l’intéresse plus. Il rompt avec sa famille, suite à une éducation trop stricte à son goût. Poussé par ses parents, il entre cependant à l’université.
Il lit beaucoup : Rimbaud, Verlaine, Huysmans, Burroughs, Kerouac, Blake, Huxley, Pynchon et autres T.S. Eliot et se met à écrire de la poésie beat.
Depuis son enfance, il était convaincu que l’esprit d’un Indien était entré en lui. À cet égard, il aimait raconter le moment où il pense que la rencontre avec cet esprit a eu lieu. Il était un enfant et voyageait à travers le désert du Nouveau-Mexique. En chemin, il a vu un accident de voiture et des Indiens étendus sur le sol, saignant et mourant
”Je pense vraiment qu’à ce moment-là, l’âme de l’un de ces Indiens, ou peut-être les esprits de beaucoup d’entre eux, couraient comme un fou et m’ont traversé la tête “ Jim Morisson

Beau comme un dieu grec, son Moi érotique, vêtu de cuir, la taille serrée par une étincelante ceinture à sequins, éclipse son écriture et sa profonde nature. La boisson, le LSD détruisent sa jeunesse, la dépression le foudroie.

Malgré une personnalité changeante et un comportement borderline, en particulier sous l’effet de l’alcool et du LSD, Jim Morrison est décrit par ses proches comme un être spécial, mais généralement doux et réservé. Et non comme ce fou furieux égocentrique et abject traversant la pellicule. Si la schizophrénie fut évoquée à l’époque, elle ne fut jamais diagnostiquée. Quant à la bipolarité, le terme n’existait pas encore. Bien entendu, si les bagarres entre Jim Morrison et Pamela Courson étaient fréquentes, la scène où il enferme celle-ci dans un placard avant d’y mettre le feu, n’est que pure invention. Sans doute le plus grand préjudice porté au jeune poète. Tout comme la télévision jetée sur son ami Manzarek… Serge Debono, Cultuesco, critique du film « Les Doors, 30 après.
“ Jim n’aurait jamais fait une chose pareille ! ” Ray Manzarek

Le procès de Miami en 1969 au cours duquel il doit se défendre d’exhibition sexuelle le bouleverse, privant le groupe du légendaire festival de Woodstock.
« Morrison pense arrêter. Il rêve de silence, se voit en poète janséniste déclamant des vers pendant que les cymbales « frémissent comme si seul le vent les agitait » Philippe Paringaux dans Rock&Folk, ébloui par le Morrison shakespearien qu’il découvre sur la scène de Wight en 1970.

Quand Simon & Schuster publie son recueil Seigneurs et nouvelles créatures (l’un des trois publiés de son vivant), Morrison s’effondre sur son lit, en larmes, tenant à la main son livre. « C’est la première fois que je ne me fais pas entuber », lâche-t-il à son ami Michael McClure, poète de la beat generation.
« La voix de Morrison était un bel étang dans lequel n’importe quoi pouvait se noyer. Tout ce qu’il chantait devenait aussi profond qu’il l’était. Il avait la chose innommable vers laquelle les gens seront toujours attirés. » – Marilyn Manson
Ray Manzarek, l’âme musicale des doors
Les Doors, ce n’était pas Jim Morrison à lui tout seul. Perçu comme le leader du groupe, Morrison, s’il écrit les textes, ne compose pas et rechignera même toujours à jouer d’un instrument. C’est donc sur les épaules de Manzarek et Krieger que repose toute la composition des Doors. Quand Jim n’est pas en état de chanter, ou bien qu’il ne se présente tout bonnement pas aux concerts, c’est Ray qui assure le chant… En 1971, la sortie de L.A. Woman est également ovationnée. Sur cet album le sublime Riders on the storm , Ray montre une nouvelle fois toute l’étendue de son talent.

C’est lui le véritable fondateur musical des Doors. Alors que Jim montre alors ses poèmes à Ray, c’est lui qui a l’idée un peu folle de monter un groupe de rock et c’est lui qui rencontre le batteur John Densmore dans une séance de méditation, qui de son côté joint au groupe Robby Krieger, guitariste.
D’origine polonaise, Ray grandit à Chicago où il suit des cours de piano classique depuis l’âge de 10 ans. Au conservatoire, il s’aguerrit sur les partitions de Bach ou de Tchaïkovski. Parallèlement à cet apprentissage classique, l’adolescent fréquente, dans les années 1950, les boîtes du sud de la ville, celles où le blues est roi. Il en maîtrise bientôt les subtilités, comme celles du rock et du jazz.
Arrivé à Los Angeles, où ses parents ont déménagé, il y forme d’abord un premier groupe avec ses deux frères, Rick et Jim, au répertoire entre blues et rock. La formation, Rick and the Ravers, se produit chaque week-end à Santa Monica, dans un bar. Il a en vue d’étudier le cinéma à l’UCLA, où étudie également un certain…Jim Morrison.


Les Doors n’avaient pas de bassiste. C’est la main gauche de Manzarek qui faisait office de basse, sur scène, sur un petit piano Fender Bass gris à 32 touches surmontant son piano électrique, ou plutôt sur son préféré, le Vox Continental, un des premiers pianos entièrement transistorisé, sur lequel il a toujours joué jusqu’au dernier moment.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Harold Rhodes entre dans l’US Air Force. Il est chargé de remonter le moral des soldats blessés au front. Il construit donc un piano suffisamment petit et léger pour être transportable dans une valise. Plutôt que des cordes, son piano fait vibrer des plaques d’aluminium récupérées sur les ailes de bombardiers B-17. Son instrument, qui ne fait que deux octaves et demi, connaît un grand succès dans les rangs de l’armée. Conquis par cette invention, un certain Leo Fender (créateur des guitares Fender) propose à Harold d’unir leurs forces pour élaborer un piano électrique de 32 touches plus sophistiqué. Ainsi naquit le premier Rhodes de série : le “Piano Bass” qui sera notamment utilisé par Ray Manzarek, claviériste des Doors pour les lignes de basses des morceaux du groupe californien.

Manzarek a signé également trois albums solos : The Golden Scarab (1973), The Whole Thing Started with Rock’n’Roll now it’s out of control (1974) et Carmina Burana (1983).
Atteint d’un cancer du canal biliaire, Ray Manzarek décède le 20 mai 2013 à l’âge de 74 ans à l’hôpital de Rosenheim, en Allemagne, rejoignant son meilleur ami de l’autre côté des portes de la perception.

The Doors / L’histoire
The Doors se créé en 1965 à Los Angeles, composé de John Densmore (batterie), Robby Krieger (guitare), Ray Manzarek (clavier) et Jim Morrison (chant).
Ce groupe sans basse débute en posant des compositions sur des poèmes de Jim Morrison, une des grands passions du frontman surdoué.
The Doors enregistre une démo et tente de se faire signer sans succès, il accepte alors d’animer un bar puis en 1966, The Doors signe pour 6 albums sur Elektra Records.

Premier album éponyme « The Doors » en 1967, Light My Fire devient alors le premier succès du groupe. Le groupe se fera connaître grâce à sa musique mélangeant d’innombrables styles, du rock traditionnel au folk en passant par la musique indienne, le groupe incorpore des dizaines d’influences, le tout agrémenté des textes poétiques de Morrison.
La presse accueille favorablement le quatuor qui enregistre déjà son second album, en une semaine à peine.
Le groupe se fait aussi connaître pour ses frasques et particulièrement celles de Morrison drogué et alcoolique notoire. Par exemple sous l’emprise de LSD, il improvise de nouvelles paroles lors d’un concert sur The End

« Father, I want to kill you. Mother, I want to fuck you all night long », le groupe est expulsé du club où il joue.

Les jours (et les nuits!) deviennent étranges

Strange days est un album sombre où les paroles tournent autour de sujets comme le malaise, la perte d’identité et toujours la révolte avec un Morrison hargneux. Le frontman séduisant devient très vite un sex symbol et joue de son charme et de son talent pour manipuler les foules en créant chaos ou en faisant revenir le calme dans les salles où le groupe se produit. Ainsi fin 1967 il se fera arrêter sur scène pour trouble de l’ordre public après avoir rendu le public hostile aux forces de l’ordre encadrant le concert (prétextant avoir été gazé par un policier en coulisse).

Le succès grandissant du groupe pousse Morrison à encore plus d’excès, le groupe engage alors quelqu’un pour surveiller son chanteur.


Dans un climat un peu tendu Leur 3ème album Waiting For The Sun sort en 1968. Le titre Unknown Soldier devient alors un des hymnes anti-guerre pour le mouvement pacifiste en lutte contre la guerre du vietnam.

Jim Morrison s’éloigne du rock et se consacre de plus en plus à la poésie. Il écrit d’ailleurs de moins en moins de chansons, sur The Soft Parade (1969) il n’écrira que 4 des 9 chansons de l’album. Il exigera que le nom des auteurs soit indiqué sur la pochette du disque car il est en désaccord avec les textes écrits par Krieger.
En 1969, alors que leur 4ème album n’est toujours pas sorti, Morrison ivre mort annonce qu’il va se mettre nu sur scène, les témoignages diverges sur la réalité des faits mais quoi qu’il en soit le groupe est poursuivi pour comportement indécent, nudité publique, outrage aux bonnes mœurs et ivresse publique.





Morrison, en proie à un alcoolisme chronique, décide de faire une pause pour se consacrer à l’art qu’il considère primordial pour lui, la poésie. Il se rend alors à Paris pour suivre les traces de Rimbaud, l’une de ses idoles, pour son oeuvre mais aussi pour son destin
Jim décide alors de quitter le groupe et part vivre à Paris, quelques mois après il décède dans des conditions restées mystérieuses (certains parlant même d’un complot qui aurait aussi tué Jimmy Hendrix, Janis Joplin, Martin Luther King et Malcom X), il est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
Le groupe ne se sépare cependant pas et sort en 1971 Other Voices puis en 1972 Full Circle, tous deux boudés par le public, provoquant le split final.
En 1978 ils se reforment pour enregistrer des compositions sur des poèmes de Jim Morrison et sorte An American Prayer.

En 1991 Oliver Stone consacre un film au célèbre groupe avec Val Kilmer dans le rôle principal, et en 2002 Manzarek et Krieger décident de redonner des concerts avec au chant Ian Astbury (The Cult), ils seront contraints de changer de nom (et prennent Riders On The Storm) suite au procès de John Densmore et des héritiers Morrison.
En 6 albums et en seulement 5 ans le groupe marque les esprits par son coté contestataire, son histoire folle et une musique brassant énormément d’influences. Une carrière brève mais remplie et une marque incroyable dans l’histoire du rock.
Yes ! Je suis encore en plein dans ma période « The Doors » !
Je regarde le jeu de scène et le charisme de Morrison ainsi que la virtuosité de Manzarek, sans oublier le bottle-neck et le style flamenco de Krieger ainsi que le professionnalisme et le talent de Densmore et j’ai l’impression qu’ils m’hypnotisent ! Des décennies après et derrière un écran, leur magie fait encore mouche !
Merci pour cet article !
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Merci pour ton commentaire enthousiaste ! . Les portes sont toujours ouvertes 🙂
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