Avec près de 300 jours d’ensoleillement par an, l’Inde est l’un des pays les mieux placés au monde pour tirer un parti maximal du solaire. Avec ses 1,3 milliard d’habitants, l’Inde est le troisième plus gros consommateur d’électricité au monde.
L’Inde, troisième pollueur de la planète avec 4% des émissions, est engagée dans un vaste effort de développement des énergies renouvelables.
Le pays a renoncé à des plans (a) prévoyant de construire des centrales à charbon pour produire 14 GW d’électricité, en grande partie parce que l’énergie solaire est devenue aussi bon marché que les énergies fossiles. En choisissant sciemment de recourir plus largement aux énergies propres pour alimenter sa croissance, l’Inde contribue aux efforts de la communauté internationale pour éviter à la planète de subir les conséquences délétères du changement climatique.

Elle a décidé de faire de l’énergie solaire son cheval de bataille. En effet, le pays s’est notamment fixé comme objectif de produire 160 GW d’énergie éolienne et solaire d’ici 2022 et d’atteindre les 280 GW supplémentaires d’installations d’énergie solaire d’ici à 2030. En moins de 4 ans, la capacité installée en énergie solaire photovoltaïque de l’Inde est passée de 2.6GW à 20 GW… Soit l’équivalent de 23 réacteurs nucléaires.
Programmes Banque mondiale
La Banque mondiale soutient les ambitions indiennes. Elle apporte plus de 1 milliard de dollars d’aide en appui aux plans de l’Inde pour le solaire, à commencer par un projet qui vise à installer des panneaux photovoltaïques sur les toits des bâtiments dans tout le pays et qui a déjà permis de financer l’installation d’une capacité de production de 100 MW. Voici tout juste un an, la Banque mondiale a par ailleurs passé un accord avec l’Alliance solaire internationale (ISA), une coalition de 121 pays emmenés par Delhi, pour généraliser l’énergie solaire dans le monde et mobiliser 1 000 milliards de dollars d’investissements d’ici 2030.
Le programme a également contribué à économiser plus de 6 000 MW d’énergie et à réduire les émissions annuelles de CO2 de 25 millions de tonnes.
La Banque mondiale soutient également le programme UJALA, qui a permis de distribuer 241 millions d’ampoules LED dans le pays. L’Inde devrait avoir remplacé la totalité des 770 millions d’ampoules incandescentes encore en circulation par des ampoules LED.


Le pays ne peut ainsi pas se contenter de copier le Maroc, qui a opté pour des centrales solaires thermiques à concentration exigeant de vastes terrains sur lesquels implanter des miroirs et des lentilles géants. C’est la raison pour laquelle, en plus de ses parcs solaires, l’Inde déploie des panneaux sur les toits et des plateformes flottantes sur les étendues d’eau, les fleuves et les rivières.
Les « mamans solaires »
En Inde, des femmes de zones rurales apprennent à fabriquer des panneaux solaires et à les exploiter. Résultat : de l’électricité verte pour leurs villages et des emplois pour ces femmes auparavant sans qualification. Des centaines de femmes, des trentenaires et des quarantenaires dont la plupart sont déjà grands-mères, originaires des coins les plus reculés de l’Inde sont formées par le Barefoot College. Elles sont là pour apprendre à construire des panneaux photovoltaïques et fournir de l’électricité à leurs villages, qui ne sont pas connectés au réseau électrique.

Une collaboration entre le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), la principale société indienne d’énergie propre, Renew Power, l’Association des femmes travailleuses indépendantes indiennes (SEWA) et l’État occidental du Gujarat – vise à donner à ces femmes les compétences pour construire une nouvelle carrière plus enrichissante et mieux rémunérée dans l’industrie des énergies renouvelables.

Environ 1000 femmes seront formées comme techniciennes dans le cadre d’un programme de panneaux solaires et de pompes solaires.
L’Inde nouveau fabriquant de panneaux solaires
Le pays souhaite développer son industrie nationale de panneaux photovoltaïques. Il est pour le moment fortement dépendant des importations d’autres pays asiatiques tels que la Chine. Ainsi, au cours de l’année 2020, il a importé pour $1,5 milliard de cellules et modules solaires.
Le gouvernement indien a instauré le programme d’incitation lié à la production (PLI). Il permettra de mettre en place 10 GW d’usines de panneaux solaires, d’ici au quatrième trimestre de 2022-2023.
Le gouvernement a introduit des droits de douane de base (BCD) sur les importations. À compter d’avril 2022, ces derniers seront de 40% sur les modules solaires et de 25% sur les cellules solaires.
Des trains hybrides-solaires
Malgré le grand nombre de machines de train à moteur diesel encore en service en Inde, le pays a le double honneur d’être le premier à introduire des machines à moteur à gaz naturel compressé (qui, bien qu’étant un combustible fossile, émet moins de particules polluantes), et étant également le premier réseau ferroviaire à avoir incorporé des locomotives diesel hybrides.
Les trains se modernisent en utilisant de plus en plus l’énergie solaire. L’énergie générée par ces panneaux est insuffisante pour que les trains puissent circuler en toute autonomie, elle permet surtout de remplacer les groupes électrogènes. Les trains continueront donc de dépendre partiellement de leurs moteurs diesel.
En pratique, l’électricité produite ne sera pas utilisée pour alimenter la force motrice, mais bien les ampoules des cabines ainsi que les ventilateurs et d’autres systèmes électriques internes au train. L’installation devrait permettre une autonomie pendant 72 heures des installations à bord. Les wagons seront donc toujours entrainés par une locomotive fonctionnant au diesel. Selon les chiffres communiqués à la presse, 9 tonnes de carbone pourront être économisées par panneau solaire chaque année.

https://detours.canal.fr/linde-invente-premier-train-solaire/