Akeji, le maître calligraphe japonais et sa compagne Asako vivaient retirés dans leur ermitage situé dans les montagnes aux environs de Kyoto. Ce témoignage réalisé par Mélanie Schaan et Corentin Leconte est un exploit car Maître Akeji a toujours refusé d’être filmé, en particulier par la NHK, la chaine de télévision japonaise. C’est grâce à leur démarche progressive et non intrusive que ce contact avec le maître a pu se faire. Présenté comme un documentaire, ce film est bien davantage. C’est pour moi une véritable œuvre d’art en relation avec la nature et l’esprit d’Akeji, avec la beauté éphémère grâce à une captation image et son en harmonie avec le lieu et les éléments. Cette immersion lente et captivante nous permet de comprendre cette fusion entre l’artiste et la nature. Elle fait voyager le spectateur dans un monde sensoriel complètement hors du temps. Sans Mélanie et Corentin, nous n’aurions pas ce témoignage, d’autant plus émouvant que Akeji et Asako sont morts en 2018, trois ans après le tournage. La réalisation de ce film s’est faite sur plusieurs années, plusieurs saisons, avec ses moments imprévus qu’une production classique n’aurait pas permis de capter. L’esprit des réalisateurs était bien en accord avec ce lieu, avec ce grand maître et sa compagne. Ce film est un joyau de poésie qui nous interroge sur le rythme artificiel de nos vies. C’est un lent voyage qui fait du bien, une pause indispensable dans nos vies « modernes », perturbées par les pandémies, les crises et les guerres. Je vous conseille de vivre ses instants au cinéma ou sur grand écran avec un bon système son pour vous immerger totalement dans la magie de ces instants. Les dates et lieux de projection dont disponibles sur le site Mille et une.Films ainsi que le DVD pour une diffusion privée (http://www.mille-et-une-films.fr/boutique)
Alan Mabden / PigraïFlair-La culture a du sens / Jeudi 14 Avril 2022


Au plus profond des montagnes, dans la vallée de Himuro, au nord de Kyoto au japon, Akeji et Asako vivent à l’écart du monde, loin de la ville, en fusion avec la nature, auprès des animaux et au rythme des saisons, mais aussi de la cueillette, de la cérémonie du thé et de la préparation de pigments.



L’esprit d’Akeji
Akeji vit dans une autre temporalité. Pour le comprendre, Il est essentiel de se plonger dans les mythologies, de creuser les racines du Shinto, cette religion profondément japonaise.
Dans la spiritualité japonaise ancienne, animiste, chaque élément, même le plus infime, est doté d’un esprit. Akeji y est profondément attaché. Cette notion imprègne toute son œuvre mais aussi sa vie, son état, son intériorité. Akeji cristallise cette nature.
Il travaille exclusivement avec des papiers et des pigments naturels, en fonction de son environnement et du climat. Les plantes et fougères qu’il ramasse permettent de fabriquer des pigments autant que de cuisiner des tempuras (beignets japonais).
Akeji est dans un refus absolu du dogme, de l’académisme. Dans un pays aussi pétri de conventions qu’est le Japon, où l’originalité est plutôt mal vue, cela provoque des étincelles. Par exemple, il a été le premier à ajouter de la couleur à la calligraphie, un blasphème dans le milieu traditionnel. Akeji apparait donc en opposition forte avec son pays et dénonce son conformisme. C’est sans doute pour cela qu’il s’est retiré dans son ermitage ; pour cela aussi qu’il se sent proche d’une certaine liberté d’esprit qu’il trouve en France, pour cela enfin qu’il a accepté d’être filmé par deux jeunes français, plutôt que par des japonais (la NHK a bien tenté de faire un film sur lui, mais l’équipe a rapidement été sommée de déguerpir). Il refuse d’être exposé au Japon. Selon lui, ses contemporains sont incapables de comprendre son œuvre. Pourtant, malgré cette critique radicale, c’est un homme profondément japonais, entièrement nourri et construit par la culture de son pays. Toute la richesse est dans le paradoxe… Clément Sans / Zone critique 04/é
« La rencontre s’est faite à Paris lorsque Maître Akeji exposait ses peintures. Elles étaient incroyablement puissantes. On a été séduit et on a décidé de faire un film ». Corentin Leconte (Interview du télégramme)


Biographie
Maître Akeji descend d’une lignée de samouraïs, initié à la Voie du thé, du sabre et de la calligraphie.
Peintre calligraphe contemporain japonais né à Kyoto en 1938, il est l’un des plus grands représentants actuels, Maître Akeji est une personnalité riche et complexe.
A l’âge de trois ans, il est recueilli par un de ses grands-pères qui vit dans le massif du Kuramayama au nord de l’ancienne capitale. Là, il s’initie aux arts martiaux et apprend à se servir des pinceaux.
Plus tard, Maître Akeji approfondit le bouddhisme et s’adonne à la discipline zen. Accueilli dans des sanctuaires shintô, il se familiarise avec la pharmacopée traditionnelle et étudie les pratiques chamaniques du Japon ancestral.
Mais il ne se contente pas de la voie japonaise. Il achève son droit à l’université d’État de Kyoto et étudie la chimie et les sciences naturelles à l’université de Shimane.
Dans les années 60, il agit en tant que conseiller auprès du gouvernement japonais. C’est durant cette période de sa vie qu’il fait un premier voyage en Europe, où il reviendra ensuite plusieurs fois à l’occasion de la présentation de ses œuvres.
Il s’est retiré à Himuro, un hameau accroché aux flancs de Kuramayama où vivait déjà son grand-père. Avec son épouse, il menait la vie discrète d’un ermite dans un ancien refuge forestier.
Source : http://biennaletinchebr.canalblog.com
Une production Bretagne
Coproduit par Mille et Une Films ( https://mille-et-une-films.fr/presentation ) avec France 2 et TV Rennes, ce film a été sélectionné dans une douzaine de festivals français et internationaux. Il a obtenu le prix du meilleur essai cinématographique à Montréal et le coup de cœur de la Région Bretagne. 130 heures de rushes ont été nécessaires pour extraire l’essence et l’esprit du maître. Une campagne de financement participatif ululle a notamment permis la réalisation de ce moment de cinéma.
Les auteurs

Mélanie Schaan

Après un master de Sciences Politiques, Mélanie se tourne vers sa passion : le cinéma.
Elle travaille au sein des sociétés de production les Films du Bélier et les Films Pelléas avant de découvrir les différentes facettes du terrain (assistante réalisateur, assistante caméra, casting).
Elle est aujourd’hui réalisatrice de documentaire de création et scripte / conseillère musicale pour des captations de spectacle vivant (théâtre, opéra, concerts symphoniques…).
(Source : FIFA)
Corentin Leconte

Après des études de cinéma à la Sorbonne, Corentin se spécialise dans les films liés aux arts et à la musique. Il est auteur et réalisateur de documentaires (notamment L’Alhambra en musique, Arte). Il réalise par ailleurs de nombreuses captations de spectacle vivant tout autour du monde, ainsi que des films d’animation (Pierre & le Loup – Lauréat Golden Prague & Rose d’Or à Berlin).
Le maître et sa compagne je constate que on ne dit pas souvent voir jamais la maîtresse et son compagnon … Lol images magnifiques et personnes incroyablement belles comme prises ds leur vérité bonne journée Alan merci pour le partage
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Ouais 🤗. Le mot « maître » vient je pense du fait de maîtriser un art. La maîtresse était utilisé autrefois pour les institutrices qui maîtrisaient l’art d’enseigner. Bref, comme tu le soulignes, de bien belles personnes dans leur vérité. Compagne et compagnon de la beauté.
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