Ce concept-album, orchestré par Jean-Claude Vannier, est le disque de référence de Serge Gainsbourg. Bien que salué par la critique, Il fait pourtant un flop monumental à sa sortie le 24 mars 1971 et il faudra des années pour qu’ il atteigne le statut de disque culte, notamment auprès des anglo-saxons comme Jarvis Cocker, Portishead ou encore Beck. Ce disque a une astmosphère érotique particulière autour des voix sensuelles de Serge et Jane, une orchestration sophistiquée derrière une apparente simplicité autour d’une basse lead. C’est une œuvre tout autant musicale que littéraire, rare par sa forme dans l’histoire de la pop.

Depuis la fin des années 60, Gainsbourg enchaine les succès et s’offre en 1971 une Rolls Phantom de 1928. Un vrai caprice de star qui ne quittera pas le garage puisque l’auteur de Bonnie & Clyde et Initials BB n’avait pas le permis.


« Gainsbourg est bien conscient qu’une personnalité n’est qu’une notion évanescente tant qu’elle n’est pas gravée sur un support quelconque. De façon évidente, un disque est le meilleur moyen pour révéler son nouvel ego et il se lance alors dans l’écriture de Melody Nelson, une écriture d’inspiration fortement huysmansienne. Et si certains exégètes hâtifs voient l’ombre du Lolita de Nabokov dans la thématique du disque, c’est qu’ils n’ont pas lu ce livre ou écouté les paroles. Car, même si Gainsbourg a pu être enthousiaste à la lecture de Lolita, on voit qu’il s’en éloigne dès qu’on s’intéresse à la genèse des deux œuvres. Alors que le narrateur de Lolita, Humbert Humbert, est un personnage fictif avec lequel Nabokov s’est amusé à créer une psychologie de toutes pièces autour de cette fascination pour les jeunes filles qui était totalement étrangère à l’écrivain, le thème de la nymphette est une récurrence dans l’œuvre de Gainsbourg. Les allusions y sont plus ou moins masquées, mais que ce soit dans Les Sucettes ou dans Comic Strip (« Viens, petite fille, viens dans mon comic-strip« ), il est difficile de nier le double-sens. Quant à des titres comme Chez les Yé-Yé, Marilu ou Lemon Incest, ils ne laissent alors aucune place au doute. En outre, le personnage décadent incarné par Gainsbourg n’a que peu de choses en commun avec le veule Humbert Humbert. Enfin, si les textes de Melody Nelson attestent de la volonté de Gainsbourg d’offrir une œuvre tout autant musicale que littéraire, l’écriture de Gainsbourg se rapproche bien plus du raffinement de Huysmans que de l’ironie et de l’humour noir du roman de Nabokov. » http://inside-rock.fr/Histoire-de-Melody-Nelson / par Aurélien Noyer le 16 août 2011
http://www.laudioexperience.fr/la-vraie-histoire-de-melody-nelson-serge-gainsbourg/

La couverture est réalisée par Tony Frank, le photographe de Salut les Copains. Jane Birkin cache son ventre. Elle est enceinte de Charlotte, qui naît le 22 avril 1971. « Elle ne tenait plus dans son jean, c’est pour ça que le bouton du haut est dégrafé!« , racontait Tony Franck à Paris Match en 2006.
Vannier le compositeur
Né en 1943 à Bécon-les-Bruyères, Jean-Claude Vannier a appris l’art de l’orchestration dans un «Que sais-je ?». Auteur, interprète, compositeur, il a réalisé mille arrangements, pour Brigitte Fontaine, Johnny Hallyday, Michel Polnareff, Barbara, Claude Nougaro ou Jane Birkin.

Cette composition très élaborée derrière une apparente simplicité a une particularité. Elle repose sur un lead guitar qui est une basse
J’adore cet album, Vannier et Gainsbourg ont réalisé une merveille.
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Parce que c’était lui, parce que c’était elle ! Magnifique chronique où j’ai à la fois la muse géniale, le poète de la mélodie, Érik Satie, et pour terminer M.
Merci Alan pour ce bouquet de notes et de mots. Bon dimanche !
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Merci Alain pour ce commentaire enthousiaste ! Toi comme moi aimons la genèse des œuvres.
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