Quand la philosophie de Jeanne Burgart Goutal rencontre l’art graphique d’Aurore Chapon, cela nous donne un livre-BD percutant à la fois sur le contenu (mi roman, mi manifeste) et par son style original d’illustrations explosant en couleurs flashy. Les autrices évoquent dans leur ouvrage le mouvement de l’écoféminisme né dans les années 70 (avec notamment la pionnière Françoise d’Eaubonne) qui prône une vie en réelle harmonie avec la nature et une reprise en main de la société par les femmes, non pas dans le but de reprendre le pouvoir mais de s’en séparer à terme en élaborant une vraie équité sociale grâce à une organisation circulaire débarrassée du pouvoir triangulaire dominé actuellement par un vieux mode patriarcal et destructeur. Le féminisme, le post-colonialisme, la justice sociale, raciale et l’écologie ne sont plus des luttes séparées les unes des autres mais travaillent ensemble avec un but commun.
Entre quête initiatique et fiction philosophique, cette œuvre chorale mêle narration, apports théoriques et illustrations foisonnantes pour présenter la richesse du mouvement écoféministe.
J’ai aimé ce livre car il aborde les questions essentielles pour notre avenir et les propositions pour sortir de notre orientation trop technologique avec ses dangers réels de manipulation génétique. J’adhère à cette vision féministe et utopiste qui loin d’écarter les hommes, les invitent à rejoindre ce mouvement, qui au delà de son nom, sert la cause commune de notre humanité en nous proposant un nouveau paradigme, positif et créatif, protecteur, respectueux de l’environnement et de nous mêmes.
Bonne lecture, Alan / PigraïFlair-La culture a du sens Dimanche 20 Mars 2022
Résisters nous projette en 2030 à partir du monde de 2020 avec son confinement et ses conséquences liberticides, la course au profit, l’épuisement des ressources, la restriction des libertés et la domination du monde issu du modèle patriarcal. Refusant le sacro-saint « progrès » sans pour autant aspirer à un « retour en arrière », les ReSisters explorent des idées, des rituels, des actions de désobéissance pour régénérer le monde à la lumière des enjeux contemporains en imaginant comment des personnes sans pouvoir ni argent peuvent changer le monde et le rendre à nouveau désirable ?

Sept personnages tâchent de vivre leur vie. Lila et Mehdi élèvent leur bébé, Naëll, sous le regard malicieux du chat Archimède ; Parvati est venue d’Inde pour ses études ; Sandy fait le ménage dans les locaux de l’entreprise où Pierre travaille comme cadre. Un jour, Pierre commence à recevoir d’énigmatiques messages, signés d’un mystérieux logo en forme d’abeille. Lila décide de mener l’enquête. Elle atterrit alors chez les ReSisters, une communauté en rupture avec le système « capitaliste patriarcal néocolonial » où s’invente un mode de vie inspiré des idéaux écoféministes.
Bios
Jeanne Burgart Goutal est professeure agrégée de philosophie. Elle vit et enseigne à Marseille. Elle est notamment l’autrice du livre « Être écoféministe ». Théories et pratiques (L’Echappée, 2020, Prix de la Fondation de l’écologie politique), fruit de 7 années de recherches théoriques, d’immersions et d’expériences vécues. Elle se forme également pour enseigner le yoga, et anime des conférences dans divers contextes.

« Je m’intéressais au féminisme et à l’écologie mais sans les avoir reliés. Je m’interrogeais sur la différence des sexes, les inégalités entre les sexes, la construction du masculin et du féminin, mais aussi sur le rapport à la nature qu’on a dans le monde actuel. Puis, j’ai vu le documentaire de Coline Serreau, Solutions locales pour un désordre global, qui liait la dégradation de la condition des femmes et celle de l’environnement, la crise écologique et l’aggravation du patriarcat. Et j’ai découvert qu’un mouvement pense tout cela depuis plus de quarante ans : l’écoféminisme. » Jeanne Burgart Goutal / politis hebdo N° 1631
Du 2020-12-09

Aurore Chapon est designeuse graphique et illustratrice spécialisée dans le secteur culturel et associatif. Elle vit et travaille à Rennes. Elle mène par ailleurs une recherche artistique personnelle autour du dessin et de l’artisanat qui prend racine dans les luttes féministes, écologistes, et dorénavant écoféministes.
« Je suis spécialisée dans la conception graphique de projets singuliers avec des identités visuelles fortes et spécifiques, doublée d’une importante sensibilité pour les projets comportant des enjeux tels que l’écologie, le féminisme, les droits humains, l’accès à la culture. Le milieu associatif et culturel est donc mon terrain de jeu de prédilection. J’ai pu collaborer avec des tiers-lieux comme des centres d’art, galeries, librairies, des associations telles que La Croix Rouge française, Horizons Solidaires, Les Engraineuses, mais aussi avec le milieu éditorial (éditions Tana)… »
Aurore Chapon
Eocoféminisme / késako?

Passionnant cet article cher Alan!! Je ne connaissais pas non plus ce mouvement ! Quand as tu le temps de lire et d’analyser tt ça ?? Amicales pensées . Cécile
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Je n’ai pas la télé ! 😀 Ce gros pavé m’a pris du temps quand-même car malgré les illustrations c’est dense.
Le pire c’est que j’ai encore plein de projets d’articles et d’écriture. Il va falloir que je me calme 😂
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La couverture du livre est magnifique ! Je suis prêt à résister avec tous ceux qui croient à l’écologie scientifique, au féminisme, aux droits humains, à la culture… Un beau livre, bien mis en valeur par ta chronique. Bonne journée Alan. 😀
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