Rien n’a vraiment été pensé pour le vivre ensemble et de façon écologique en matière de transports avant les années 1980. La politique de décentralisation de 1981 en France a été un bon déclencheur permettant aux régions de gérer localement les problématiques environnementales et sociales. Malgré les efforts constants des municipalités pour investir sur les transports en commun et les voies cyclables, Il manque tout de même aujourd’hui un schéma à l’échelle des territoires pour vivre durablement en intelligence. Dans cet article j’aborde la question des économies d’énergie et de gaz à effets de serre à envisager pour nos déplacements dans les villes et les campagnes. Je laisse ici de côté les liaisons inter-régionales et internationales ainsi que la question du transport de marchandises mais je l’aborderai indirectement dans la partie liée à nos comportements de consommateur qui pour l’instant favorisent l’achat de produits importés ou non localisés.
Bonne lecture
Alan Mabden , mardi 2 Février 2022 , Pigrai.com

Depuis les années 1970 à 2010, la multiplication des lotissements de maisons individuelles en péri-urbain a entraîné l’utilisation intensive de la voiture individuelle avec les conséquences suivantes : augmentation de la pollution, des bouchons, création de périphériques, rocades, bretelles, ronds points, parkings, centres commerciaux et de loisirs péri-urbains avec un coût financier et environnemental pharaonique pour la société. Symbole d’émancipation et de liberté pour la jeunesse à partir des années 60, la voiture devient par le nombre un problème pour l’espace qu’elle dévore et qu’elle asphyxie.
De plus en plus exclue en cité « intra-muros« , celle-ci est remplacée progressivement par un mode multimodal qui associe des mobilités douces économes en énergie.



L’air redevient respirable et de nouveaux espaces vont pouvoir être consacrés à l’humain et à de nouveaux espaces verts ou lieux de rencontre.
Une organisation différente et une souplesse des horaires de travail peut aussi éviter l’encombrement des moyens de transports et d’augmenter artificiellement les investissements sur des infrastructures routières ou des transports en commun supplémentaires. Souvent les horaires de début et de fin de travail se concentrent dans une fourchette de deux heures le matin, idem pour le soir. Parfois des solutions simples et peu coûteuses existent et commencent à être mises en œuvre par des collectivités.
À Rennes par exemple, le doublement des rames de métro desservant l’université était sur la table car les transports étaient bondés aux heures de pointe. Il a suffi de décaler d’une demie-heure les heures de cours pour régler le problème sans créer de nouveaux aménagements !
Concentrer les services, les loisirs, le travail dans un périmètre facilement accessible…
… en transports en commun, à vélo ou à pied est également sur la table. L’exemple type est le temps de trajet insensé que font des milliers de personnes d’un bout à l’autre d’une métropole pour se rendre à leur travail. 1h à 1h30 matin et soir pour des parisiens vivant à l’Est et travaillant à l’Ouest! Réorganiser la ville en quartiers autonomes ou tout est accessible à moins d’un kilomètre de son domicile est une solution d’avenir pour économiser des trajets, du temps et des énergies.
Le télétravail, le travail en distanciel peuvent aussi faire partie des solutions à condition de le faire en alterné et/ou en partiel (à mi-temps par exemple) afin de garder vivantes les vraies relations sociales.

Vivre et se déplacer en campagne
La crise des gilets jaunes a mis en évidence l’impact de l’augmentation des frais de transports quand on habite à la campagne. Dans les villages, la voiture est souvent indispensable pour les familles et un moyen d’autonomie et de liberté pour les jeunes.
Pour les gens qui doivent aller travailler ou se déplacer « en ville », les solutions alternatives sont difficiles mais des solutions voient le jour en plus des transports en commun.
Le co-voiturage dynamique est une solution qui se met progressivement en place et de façon fiable sur les trajets les plus encombrés. Il permet de partager les coûts et crée du lien. Facile d’accès, sur, rapide et organisé (avec appli, abris, panneaux lumineux…) comme le réalise la société ECOV en partenariat avec les collectivités, cette solution est d’autant plus encourageante et efficace quand il y a une voie dédiée sur des 6 ou 8 voies comme à Grenoble par exemple (voie de covoiturage active). Elle permet dans ce cas d’éviter les bouchons et à terme moins de voitures et donc des économies d’énergies et de gaz à effet de serre!

Il faut repenser le territoire en fonction de nouveaux enjeux
Redynamiser l’économie, les services et les centres sportifs et de loisirs en milieu rural est aussi un très bon moyen d’éviter les incessants trajets campagne<->ville. Cela suppose pour l’état, les collectivités locales et les sociétés privées de penser autrement en terme d’implantation d’usines, de bureaux, de lieux de coworking, d’équipements sportifs.
Il y a en France des régions magnifiques qui ne demandent qu’à accueillir de nouvelles activités et de nouveaux habitants. Beaucoup de personnes souhaitent quitter les métropoles pour retrouver des espaces à échelle humaine. C’est le rôle de l’état d’avoir une réelle politique d’aménagement du territoire.

L’étalement urbain peut également être freiné par le développement de l’habitat partagé. Le temps des lotissements a vécu. De nouvelles cohabitations rurales avec habitat écologique, lieux d’échange, de rencontre et de partage voient le jour.

Des solutions de véhicules partagés s’y installent permettant de limiter le coût de l’investissement, de l’entretien automobile pour les familles et la construction d’un nombre trop croissant de véhicules qui sont souvent inutilisés la plupart du temps. Une municipalité peut également envisager un garage collectif d’auto-partage avec toit solaire pour rendre l’énergie plus économique et écologique.
En milieu rural, les écologistes sont parfois perçus comme des bobos réducteurs de liberté individuelle 😉 Pourtant les solutions partagées permettent de marier écologie et économie pour les budgets des familles sans rogner sur les libertés de déplacement. Il s’agit juste d’un système différent alliant les individus à une collectivité.
Penser moins « chacun pour soi » et plus raccordé aux autres et à son environnement. C’est gagnant pour tout le monde. Moins d’isolement et de solitude. Plus de liens, d’entraide, d’économies. L’avenir, n’est ce pas 😉
Pour des raisons évoquées plus haut, la multiplication des automobiles est un véritable fléau environnemental au niveau local et mondial. Si, comme la grande majorité des gens, vous habitez et travaillez en ville, l’achat d’une auto est non seulement superflu mais un choix économique discutable par les frais qu’elle engage à l’année (mensualités de remboursement, décote, assurance, entretien, garage,…).
La location de véhicules, le co-partage sont des solutions intéressantes à plus d’un titre : utilisation souple à l’heure, à la journée, pour la semaine ou le mois, possibilité de changer de modèle de voiture en fonction du nombre de personnes, des besoins ou même des envies, coût plus réduit à l’année et…
…pour ce que j’aborde aujourd’hui, particulièrement judicieuses pour arrêter de produire à outrance des automobiles à usage strictement individuel dont la production et l’utilisation sont particulièrement voraces en énergie (tous modèles confondus), en espace et génératrices de gaz à effets de serre.
Mettre un terme à l’industrie automobile de masse doit, de mon point de vue, devenir un objectif citoyen. Il est nécessaire d’aborder la création d’emploi autrement. Cette vision industrielle date de deux siècles. Nous pouvons « travailler » à d’autres objectifs que de construire des millions de carcasses métalliques qui nous conduisent à coup sur vers un ravin climatique.
Penser à une autre organisation sociétale des transports, repenser l’aménagement de nos villes, de nos territoires, le vivre ensemble est indispensable et constitue le challenge à venir, le défi à relever avec à la clef des créations d’emplois nouveaux qui ne détruisent plus l’environnement mais qui au contraire le rendent vivable et durable et qui génèrent des activités créatrices de lien social. Là encore, les solutions ne sont pas que technologiques. L’imagination, la créativité peuvent nous amener à trouver des solutions simples qui peuvent à terme nous libérer du stress et rendre l’espace et les relations agréables.
Prochain article / 3. Sobriété énergétique – Repenser l’éclairage en ville
Ce sont de bonnes voies de réflexion et d’action aussi je trouve, merci, 🙂
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Merci pour lecture; Bonne journée
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Bravo Alan pour ce dossier très complet. Il est encourageant de voir que des solutions existent même si leur mise en place est encore poussive. Le réseau cyclable laisse encore à désirer dans beaucoup de localités, ce qui est dommage vu le nombre de personnes croissant à opter pour ce mode de déplacement propre et silencieux.
J’espère que l’état et les collectivités sauront prochainement accélérer sur ces enjeux importants pour notre avenir.
je te souhaite un beau week-end
Ben
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Merci Ben pour ton commentaire. J’ai la chance d’habiter une ville qui est très consciente des enjeux environnementaux depuis les années 80 et qui met en place beaucoup de choses concrètes, particulièrement au niveau du vélo avec récemment la création de REV (Route vélo express) à double sens et dédiées, cad séparées des axes routiers. Rennes est remarquable à bien des points de vue (Bientôt une deuxième ligne de VAL, Bus GNV et électrique, voies cyclables et piétonnes très nombreuses, co-voiturage dynamique, nombreux parcs, contributions citoyennes…). Je crois que dans le sud Montpellier est pas mal aussi.
Les villes sont et seront de mon point de vue les acteurs principaux pour les solutions à court terme.
Non week-end
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