On a beau retourner le problème de la transition énergétique dans tous les sens. Aucune solution « verte » ou technologie miracle ne pourra nous permettre à court ou moyen terme d’obtenir l’énergie nécessaire pour continuer à produire et consommer au niveau actuel avec une population mondiale croissante.

L’efficacité énergétique des appareils, des logements ou des modes de transports ne peut se conjuguer avec les énergies renouvelables qu’à la condition d’éviter le gaspillage et d’inventer des solutions, souvent simples et peu coûteuses à mettre en place, pour éviter de produire une énergie devenue… inutile et émettrice de gaz à effets de serre.
J’ai bien conscience qu’un article ne suffit pas pour aborder un tel « dossier ». J’ai donc décidé de créer plusieurs articles en abordant les cinq points ci-dessous :
- Présentation et définition : Sobriété, Efficacité, Frugalité
- Repenser l’espace, les transports, l’automobile
- Repenser l’éclairage public
- Repenser l’habitat
- Repenser notre manière de consommer (Durabilité, objets de deuxième main et réparables), La sobriété numérique
- Repenser nos besoins et nos désirs. Reprendre contact avec la nature. La sobriété choisie et heureuse
Je vous présente la première partie. Les autres suivront dans les jours et les prochaines semaines.
Mon but est d’ouvrir ce sujet passionnant et porteur d’espoir sans le rendre trop technique. Il existe pour cela des sites spécialisés ou des Youtubeurs qui abordent tel ou tel aspect avec des vidéos ou des schémas qui permettent de rendre captivant des sujets complexes.
Bonne lecture. Alan Mabden – Pigrai.com / 28Janvier 2022
Présentation et définition : Sobriété, Efficacité, Frugalité
Il a fallu attendre 2015 pour que s’inscrive dans la loi sur la transition énergétique un objectif officiel pour l’État qui s’appelle la sobriété énergétique.
“la sobriété participe au même titre que l’efficacité à la maîtrise de la demande en énergie” Extrait de la loi de transition énergétique de 2015
Remplacer à court ou moyen terme les énergies fossiles et les centrales nucléaires par des solutions renouvelables n’est pas envisageable avec le niveau de consommation actuel (que certains ont qualifié d’ébriété énergétique) d’une population assoiffée de désirs matériels et qui s’accroît sans cesse.
Nous sommes à ce jour 7 milliards 827 millions humains sur la planète et que ce chiffre augmente chaque jour de 227 995 humains! https://www.compteur.net/compteur-population-mondiale/
La production d’énergie nucléaire devient elle-même … intermittente. Une dizaine de réacteurs nucléaires sur les 56 que compte la France sont actuellement arrêtés soit 20% de production en moins. Ces anomalies sont de plus en plus fréquentes et ces centrales vieillissantes pourraient être confrontées à de futurs aléas climatiques ou des conflits qui les rendraient potentiellement dangereuses, pas seulement sur le court terme mais à très long terme et sur des territoires à l’échelle de plusieurs régions, voire de pays.
La sobriété n’est pas synonyme de frustration
Le terme frugalité est vu par certains comme plus positif et plus désirable que le terme sobriété, perçu comme une privation. La frugalité vient du fruit et sa récolte juste et heureuse. Elle prône l’économie circulaire et locale. L’idée est de faire fonctionner son imagination et sa créativité pour faire ou construire autrement.

« Ce manifeste ouvre les chemins de la frugalité, alternatifs aux visions technicistes, productivistes, gaspilleuses en énergie et en ressources de toutes sortes. » Le manifeste pour une frugalité heureuse Dominique Gauzin Muller (architecte), Alain Bornarel (ingénieur) et Philippe Madec (architecte-urbaniste)

Je trouve cette approche intéressante car elle prône la créativité et la réflexion. Nous avons souvent une vision industrielle et technologique pour trouver une solution « verte » à un problème. Cette approche génère d’autres problèmes comme la fabrication de métaux et ses impacts sur l’environnement au lieu de chercher des solutions simples en utilisant une économie circulaire et locale ou en imaginant d’autres solutions n’engageant pas de nouvelles fabrications.
« Se contenter d’assez quand plus est possible est à la fois intuitif et rationnel – sur les plans personnel, collectif et écologique. Et, sous contrainte écologique planétaire, c’est éthique » [Thomas Princen, un des pères du concept de sobriété, 2005].

La sobriété énergétique Késako?
La sobriété énergétique concerne l’ensemble de la société, est simple et assez peu coûteuse à mettre en œuvre. Pourtant il y a des freins et la difficulté, chez les élus comme chez les particuliers, à renoncer à un modèle continu de croissance fortement lié à l’idée de progrès, de confort individuel et de modernisme.
C’est une démarche qui vise à réduire nos consommations énergétiques mais aussi nos consommations de ressources matérielles de manière volontaire et organisée, en faisant évoluer nos modes de vie individuels et collectifs ainsi que nos normes sociales, nos réglementations et nos imaginaires.

Et l’efficacité énergétique?
L’efficacité énergétique est complémentaire mais pas concurrente de la sobriété énergétique. Elle permet de consommer moins pour le même confort.

Les éclairages LED par exemple ont supplanté progressivement les ampoules incandescences, les halogènes, les basse consommation en divisant progressivement la note énergétique par 5 à 10 à usage égal. Les réfrigérateurs à forte isolation (A+++), les plaques à induction, les pompes à chaleur,… ont également participé à améliorer notre bilan quotidien mais…
… la technologie ne suffira pas à réduire suffisamment notre consommation d’énergies et peut même accroître les problèmes écologiques en augmentant la production de gaz à effet de serre pour fabriquer les métaux nécessaires à la création d’objets.

Ceci est particulièrement vrai pour l’automobile électrique qui contribue à réduire théoriquement les émissions directes de gaz à effet de serre mais qui accentue le problème en utilisant de plus en plus de métaux, énergivores pour leur production et catastrophiques au niveau environnemental pour l’extraction et le traitement des minerais nécessaires.
Quand en plus la production d’électricité est confiée à des centrales à charbon, des centrales nucléaires ou de grands parcs éoliens, bonjour le carnage…
Donc envisager de remplacer intégralement le parc de véhicules thermiques actuel par le même volume en électrique est irréaliste et aberrant du point de vue énergétique et sociétal. D’autres solutions existent que nous verront dans la partie 2 qui est la suite de ce « dossier »: Repenser l’espace, les transports, l’automobile.
On voit bien dans cette première partie que le tout technologique rend la transition complexe et incertaine du point de vue environnemental. Il va donc falloir utiliser notre imagination, notre créativité pour une approche moins industrielle et davantage basée sur une vision réfléchie, en lien avec la nature, avec une économie circulaire, artisanale et locale.
Nous verrons aussi dans la dernière partie cette idée qui germe de plus en plus dans la tête de beaucoup de personnes. Sortir du système productiviste en vivant au plus près de la nature et en prenant le temps de vivre. La slow life ou la frugalité heureuse. Moins mais pourtant mieux et vraiment durable!
Pigrai.com / 28Janvier 2022
Salut Alan,
Tu t’attaques à un gros dossier, j’attends avec impatience les volets suivants. J’espère que tu parviendras à sensibiliser un maximum de personnes à cette question épineuse que constitue notre consommation énergétique sans borne que tu appelles à juste titre l’ébriété énergétique. Je ne connaissais pas le terme mais il est tout à fait exact.
Je pense que beaucoup de gens sont de bonne volonté et sont prêts à faire des efforts pour un mode de vie plus sobre, et durable mais beaucoup ne savent pas trop par où commencer. Pourvu que ton travail sur ces sujets puisse contribuer à faire évoluer les pensées et mentalités actuelles.
Je te souhaite un beau dimanche
Ben
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C’est un sujet intéressant et une démarche individuelle et collective inévitable mais il va y avoir une grande inertie, principalement du fait d’une habitude à des années d’abondance énergétique et de surconsommation. La encore, les équipes municipales ont un grand rôle à jour en étant les promoteurs d’installations économes ou de modes de déplacement qui privilégient les mobilités douces.
Rester le problème de l’industrie automobile qui continue à faire la promotion de son modèle individuel énergivore et générateur de GES. Et c’est la que nous devons avoir une démarche citoyenne et écologique en refusant ce modèle. La suite dans le numéro 2 sur les transports 😉
Belle journée Ben
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