Pour les lecteurs réguliers, voici la suite de cette aventure-fiction. Pour les nouveaux, ça commence ici à St Malo
Le grand jour est arrivé, enfin presque car monsieur « Sun » n’est pas encore levé. C’est l’heure de traverser la manche et j’ai un peu le trac.“The British Channel” doit être négocié avec soin. Sur le plan météo, avec une bonne vision sur plusieurs jours je peux éviter de me mettre en situation difficile. J’ai vérifié avec Jo les éléments de sécurité comme les extincteurs, le bib, l’état du gouvernail, le bon fonctionnement de ma VHF et de l’A.I.S (Automatic identification system) qui me permet de suivre en temps réel la position des navires autour de moi. Les réservoirs d’eau et de gasoil sont pleins. J’enfile mon gilet de sauvetage à gonflage automatique et l’attache à la ligne de survie. En cas de chute à l’eau, un humain ne peux vivre que quatre heures dans une eau à quinze degrés. On ne joue pas avec la mer. J’ai une pensée émue à cet instant pour les migrants qui sont morts dans ce mini océan de promesses en faisant confiance à des passeurs avides.



Je profite de la marée pour traverser « en crabe » avec l’aide du courant en direction du Sussex, le sud-est de l’Angleterre. Je surveille constamment sur ma tablette les positions des navires. « Spirit » marche bien avec un bon vent de travers et un ris dans la grand voile. je m’allonge dans le cockpit et ressens une certaine fierté, celle de vivre l’autonomie dans une belle aventure. Bien que je ne maîtrise pas tous les éléments de cette mission, je me sens en pleine confiance car épaulé par Jo et Alejandra, les maîtres du jeu. Après une vingtaine d’heures de négociation avec les éléments, j’arrive dans le sussex près de Brighton. J’ai une pensée pour Jo et son album fétiche, « Quadrophénia » des Who. En son honneur et aussi par ce que j’adore ce titre, je pousse à fond le son dans le cockpit sur « The real me » qui me parle beaucoup et qui évoque Jimmy, un Mod londonien bouillonnant de colère contre le monde qui l’entoure. Sa quête d’identité et ses interrogations s’expriment dans cette chanson ou il interpelle sa mère, le curé et le psy pour savoir qui il est vraiment.
« Can you see the real me preacher ?
Pouvez-vous voir le vrai moi prédicateur ?
Can you see the real me doctor ?
Pouvez-vous voir le vrai moi, docteur ?
Can you see the real me, mother ?
Peux-tu voir le vrai moi, maman ?
Can you see the real me ?
Pouvez-vous voir le vrai moi ?«Extrait des paroles de « The real me »/ le vrai moi des Who

En écoutant ce titre, j’ai l’impression que rien n’a changé depuis cette époque des sixties et seventies et que la jeunesse sait encore moins ou elle va. Je ressens à ce moment le goût intense de la liberté, la joie de vivre une autre vie, choisie, autonome.

Je dois rejoindre le grand ponton de Seaford à la tombée de la nuit ou m’attend une équipe de l’organisation à qui je dois faire entièrement confiance. Je vais ainsi éviter un confinement de 12 jours dans le port de Brighton et pour des raisons de sécurité par rapport à ma « mission » rejoindre demain une autre destination.
Dans une belle lumière ambrée, j’aperçois en contre-jour un pneumatique qui se rapproche de mon voilier. Ils sont deux et l’un d’entre eux tient dans sa main un drapeau avec un symbole qui est le signe de reconnaissance choisi pour la rencontre. La jeune femme présente à bord m’indique qu’elle va prendre possession de « Spirit » pendant 48 heures.


En quelques minutes, attaché aux piliers de ce grand ponton , « Spirit » devient « anglais » après un maquillage soigneux de son identité et rejoins le port de Seaford pendant que mon complice me conduit vers une destination inconnue. Nous longeons les majestueuses falaises des « Seven Sisters » sous une lune magnifique. Je ne sais pas ou l’on m’emmène mais je suis confiant et exité par l’aventure que je suis en train de vivre. Demain sera un autre jour…
©Alan mabden/ Pigrai.com-La culture a du sens Lundi 6 décembre

Sympa la réf à « The real me » je trouve que ça donne une une force supplémentaire au récit.
Belle nuit Alan 🙂
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Merci Laurence pour cette remarque bien vue et ta lecture. Ce récit est une quête. Cet homme cherche un sens à sa vie sans vraiment vouloir le chercher 🙃. J’aime bien les livres de quête dans le voyage comme l’alchimiste ou soie de Barrico. Je me laisse porter par ce voyage et à chaque étape je laisse venir des situations ou des personnages. Le fait que le récit se passe quelques mois en arrière va me permettre de prendre du recul sur la situation actuelle tout en me projetant dans un futur imaginaire.
Bonne journée Laurence
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j’adore
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Merci Céline. Je suis flatté. Peux tu m’en dire un peu plus stp?
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l’ambiance, les photos, le savoir faire tout en finesse du marin , le commentaire en passant sur les migrants, tu nous embarques dans ton odyssée je veux bien partir avec toi ! 😉
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Merci Cécile. C’est chouette que mon histoire t’embarque. C’est parti pour de nouvelles aventures avec Spirit le bien nommé, mon compagnon sur les flots de mon imaginaire. Lui seul sait où il m’emmène. Il a beaucoup de « pays » à explorer.
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