Quand je l’ai aperçu
Des oiseaux bleus rageurs et imbéciles
Pilonnaient la mer des sarcasmes
Tels des avions de chasse incontrôlables
D’une armée dirigée par des fous
Dans cet océan d’indifférence et d’arrogance
Elle avait plongé, plongé si loin dans la noirceur des fonds
Qu’elle s’était épuisée
Et dans un dernier élan avait tendu la main vers la lumière
Le seule qui venait du ciel, le faisceau d’une lampe torche
Transperçant les vagues puissantes du désespoir.
Attaché au pont, ancré à la ligne de survie, je ne la lâchais pas des yeux.
j’ai vu son bras m’appeler et ce regard affolé me supplier.
J’ai foncé sur elle et au dernier moment l’ai accosté sur tribord.
Je lui lançais une amarre, une corde pour se tendre au dernier espoir.
Elle saisit la bouée et s’y accrocha de ses toutes dernières forces,
De celles que l’on ne trouve qu’au bout de la nuit noire.
Face au vent, le voilier luttait tel un guerrier
Prêt à tout pour la sauver de son naufrage.
Je la glissai vers la poupe du bateau
Et dans un geste puissant, d’une force incontrôlée
Je la hissai, m’effondrant avec elle dans le cockpit.
Quand je l’ai vu
Je n’en croyais pas mes yeux
J’étais pris de stupeur
Mais je n’avais pas le temps de réfléchir
Pas le temps de raisonner.
Je redonnais à mon compagnon de lutte
Ses ailes pour affronter la mer.
Dans un élan retrouvé, il surfa sur l’écume
Prêt à en découdre avec le néant gris-bleu
Ou les profondeurs n’ont pas de Dieu
Ou la compassion n’est pas de mise
Ou l’humain n’a pas sa place
Dans ces milliards de larmes d’infini.
J’étais encore sous le choc et celui la était double.
Je n’avais jamais secouru une sirène
Jamais je n’aurais pu imaginer qu’une créature imaginaire
Puisse être réelle, qu’une si belle fée des mers puisse se noyer
Nos regards au souffle coupé envoyaient des éclairs
Pour tuer la mort, pour lui dire que la vie est encore une fois
La gagnante, immensément présente.
Je n’avais jamais vu de femme-océan dans la vraie vie.
Je croyais que c’était des histoires de marins ivres
D’hommes qui n’avaient jamais pu accrocher une femme avec le cœur
Peut-être étais-je de ceux là, incapable d’aimer, maladroit.
Elle me fixait avec une intensité rare, voulant exprimer l’impossible
Voulant me faire connaître toute la reconnaissance d’être encore en vie.
Je la pris sur ma joue. Elle enroula son infinie tendresse autour de moi.
Son cœur d’écailles battait encore très fort.
Elle posa sa chevelure d’algues dorées sur mon épaule.
Elle regarda fixement le ciel qui l’avait fait sombrer
Chassa de sa main les oiseaux de mauvaise augure
Et me fit plonger dans l’amour de ses yeux.
©Alan Mabden / Pigrai.com / La culture a du sens / le 26 Septembre 2021
Belle ode à l’amour et à la mer.
Bonne soirée Alan.
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Merci Laurence 😉 Belle soirée à toi.
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👍Joli texte, on reconnait à la fois la belle sensibilité de l’auteur, et celle du marin.
Vive l’océan, les sirènes, les rêveurs, et ceux qui les aiment.
Excellente journée à toi
Ben
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Merci Ben! Contrairement au père Noël les sirènes existent 😃
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