C’est en regardant le film « Yuli » du réalisateur Iciar Bollain que j’ai découvert l’immense Carlos Acosta. C’est une véritable légende dans le monde de la danse qui fait aussi figure de pionner pour avoir été le premier homme noir à avoir intégré le Royal Ballet de Londres. Mais ce qui m’a le plus fasciné, c’est l’importance dans son parcours de deux personnes qui ont bâti ses fondations, un père et une prof de danse. Carlos Acosta ne serait rien sans ces deux personnes, capitales dans son existence. Certes, ces deux là ont détecté un immense talent mais ils ont fait de cette graine aux pouvoirs magiques un être magnifique. C’est ce qu’on appelle transmettre, un mot souvent défaillant, voire oublié dans l’éducation. Ils ont été durs avec lui, sans concession mais aimants au sens profond du terme pour faire de ce gamin habité par son corps un virtuose du mouvement, une envolée vers la beauté et le sens. Acosta, c’est aussi l’histoire de Cuba et de son passé. Comprendre ses hommes, ces femmes, leur désir, c’est s’intéresser à ce pays, aller fouiller dans la souffrance des ancêtres esclaves. Cuba n’est pas ce que les médias racontent. Cuba est un combat pour une identité difficile à construire, tellement il y a eu d’obstacles posés par des gens qui voulaient (et voudraient) faire de cette nation un modèle calqué sur une autre culture, celle de l’artifice sans feu d’artifice. Cuba est créatif, immensément. Cuba pourrait être un modèle si on voulait bien lui lâcher la grappe, la laisser respirer.
« Yuli » et l’histoire de Carlos, c’est tout cela et c’est ce qui m’a profondément touché en voyant ce film. Plus je découvre Cuba et son histoire et plus je défend sa résistance, sa volonté farouche de cultiver un autre modèle que la consommation de biens matériels. Cuba a des transmetteurs exceptionnels, humains, qui « accouchent » d’artistes fabuleux. A vous de les découvrir. Ils sont nombreux et talentueux.
Alan Mabden pour Pigraï / Jeudi 2 Septembre 2021

Né en 1973, onzième enfant d’une famille pauvre, Carlos Acosta sait qu’il doit tout à cet art. Passé par l’Ecole nationale du ballet cubain, il rejoint le Royal Ballet à Londres en 1998. Dans un monde classique très blanc, ce soliste exceptionnel détonne. Des rues du Cuba, au ballet national de la ville où il fait ses classes, Carlos rejoint le ballet de Houston, puis le Royal Ballet. Aujourd’hui retiré des scènes, il reste un modèle pour les jeunes danseurs.

La danse, Cuba… Je suis passé à coté de ce film qui a tout pour m’attirer. Merci Alan pour cette chronique bien intéressante. Oui les médias s’acharnent contre tout modèle de développement promouvant une autre culture. Oui c’est une erreur, même une faute grave d’enfermer Cuba, de l’asphyxier de l’extérieur pour la faire revenir à cette culture marchande qui nous fait tant de mal. Je note et visionne ce Yuli rapidement !
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