Je vais aborder un personnage qui fascine encore aujourd’hui. Comme toute légende, elle a des fondements dans la réalité et dans l’injustice d’une époque dirigée par la soif de l’or et ses utopies d’existence dorée. Si Zorro est toujours si « vivant » au 21e siècle, c’est sans doute que les humains se répètent toujours la même histoire, celle de l’appât du gain et de ce que cela implique comme négation de l’humain pour arriver à ses fins illusoires. Toujours et encore aujourd’hui le gun, la xénophobie, le racisme pour asseoir la puissance d’une minorité toujours aussi violente. La véritable histoire d’El Zoro (en espagnol « le renard ») a ses racines en 1850 en Californie. Un conflit armé entre européens conquérants assoiffées d’or et des paysans chassés progressivement de leurs terres et exploités par des hommes sans foi ni loi. Zorro a été incarné par divers personnages de fiction, plutôt édulcorés et éloignés de la réalité sanglante de l’époque. Ce qui me fascine est l’intelligence et les stratégies déployés par Zorro pour défendre l’opprimé. J’aime aussi son élégance et sa non-violence et même s’il s’agit d’un mythe, j’ai toujours envie d’y croire dans cette crise durable qui a les mêmes fondements anthropologiques depuis des siècles…
Alan Mabden pour Pigrai Flair -La culture a du sens / Jeudi 25 Février 2021
La Californie actuelle fut au milieu du 19e siècle un territoire sans lois ni règles où régnaient la tyrannie et le pouvoir de celui qui disposait de la force et de l’argent. En 1848, le Mexique a perdu la guerre avec les États-Unis. et est contraint par le traité de Guadalupe Hidalgo de céder la Californie, le Nouveau-Mexique et le Texas aux Américains. Cette même année, de l’or a été découvert en Californie, et immédiatement des milliers d’émigrants, pour la plupart anglo-saxons, ont afflué vers le nouvel État de l’Union.
Créé en 1919 par Johnston McCulley, le personnage de Zorro serait inspiré de trois personnes :
Le justicier anglais le Mouron Rouge pendant la Révolution française, créé en 1903 par Emma Orczy,
William Lamport, l’irlandais qui aurait participé du côté espagnol, aux batailles de Nördlingen (1634) et de Fontarabie en 1638 pendant la guerre de Trente ans (1618-1648) et qui est devenu le premier martyr de la libération mexicaine de l’Espagne, près de deux siècles avant l’indépendance effective du pays.
Joaquín Murieta, bandit qui luttait en Californie, personnage mi-légendaire mi-réel qui fut porté aux nues par la littérature depuis Roberto Hyenne en 1897 jusqu’à Pablo Neruda en 1966.
Regarder la vidéo à partir de 1H.03.37 pour découvrir « l’ambiance » à l’époque de Murieta
Joaquín Murieta (1829-1853)
Pierre Alary, auteur de la BD Don Vega confirme quant à lui que son Zorro s’inspire de Joaquín Murieta. À l’époque de la ruée vers l’or, de nombreux paysans mexicains sont terrorisés, privés de leur propriété, exploités dans les mines, victimes de violence, de vol et de racisme. L’on assiste à de nombreuses pendaisons sommaires. Face à tant de mépris, la résistance s’installe afin de retrouver la justice spoliée.
Joaquín Murieta devient alors un bandit pour se venger de la perte de ses biens matériels, du viol et de l’assassinat de son aimée Rosita. Né du désir de vengeance personnelle, il se mue en vengeur de tous les exploités et opprimés. La clameur populaire l’élève au rang de héros où il incarne les valeurs de l’homme latino-américain qui combat l’impérialisme étatsunien, l’hégémonie monarchique, mais aussi bourgeoise.
La loi de 1855 sur les « graisseurs mexicains »
Les Américains découvrent que les meilleures veines d’or sont exploitées par les Mexicains, « graisseurs » (graisseurs) comme ils les appellent, et déclenchent bientôt une grave vague de persécution et de racisme. Le nouveau gouverneur de Californie, le général Persifor Smith accuse les Mexicains de transgresseurs et annonce leur expulsion. En 1855, la loi sur les graisseurs a été approuvée et quelques années avant la « Loi sur l’impôt des mineurs étrangers ». Presque du jour au lendemain, les Californiens deviennent étrangers sur leur propre terre, les mineurs latinos sont contraints de payer une nouvelle taxe de 20 dollars par mois afin de continuer à extraire l’or de leurs opérations. Dans les mines du centre et du nord de la Californie, ils ont trois heures pour partir sans emporter leurs affaires et leurs outils, ceux qui refusent sont maltraités et même tués en toute impunité. Des milliers se réfugient à San Francisco et dans les mines au sud. Mais Joaquín Murrieta (1829-1853), d’origine mexicaine ou chilienne, a décidé de rester. Il était l’un des nombreux à avoir vu comment les « gringos » lui avaient volé sa mine, en plus de violer et de tuer sa femme. Au lieu de fuir, il dirige le groupe de Los cinco Joaquines formé par Joaquín Botellier, Joaquín Carrillo, Joaquín Ocomoreña et Joaquín Valezuela.
Guy Williams, l’acteur mythique interprète de Zorro

La série la plus célèbre mondialement est sans conteste Zorro, produite par Walt Disney et diffusée de 1957 à 1961, avec Guy Williams dans le rôle-titre. Retour sur cette série culte de la première heure et sur cet acteur mythique au sourtire légendaire avec cet excellent documentaire ci dessous ainsi que deux des premiers épisodes permettant de camper la genèse du personnage et sa quête :
Quelques secrets de Zorro
Ces extraits permettent de découvrir la quête et quelques secrets du personnage mis en scène par Disney
Super article sur le héros de mes jeudi après-midi d’enfance. Merci
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« Un cavalier qui surgit du fond de la nuit court vers l’aventure au galop »🏇
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Excellent article, je suis ravi d’en savoir plus les origines du mythique Zorro. je reviendrais jeter un œil aux épisodes que tu as mis en avant. Ce sera un petit retour en enfance bien sympathique.
Belle journée à toi
Ben
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Des souvenirs d’enfance 🙂
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Alan,
Tu nous fais rêver et replonger dans les délices de l’enfance. J’adore Zorro, c’est vraiment un héros qui me touche par la noblesse de son cœur et de ses actes.
Je regardais tous les épisodes, et j’aimais beaucoup cet acteur qui semblait très en accord avec le personnage.
Et puis il y avait son pote, le sourd et muet, j’adorais cet acteur, il était hilarant !!!!
je t’embrasse et merci pour la madeleine 😉
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Merci Corinne. Oui il y a une vraie complicité entre ces deux là. Et une vraie approche novatrice par rapport au handicap. Les deux apportent à leur manière ue intelligence au service de la cause. Il n’y a pas de dominant mais une vraie relation et un respect mutuel. Et le sergent Garcia. Terriblement humain avec une bêtise et une genrillesse cumulée au service d’un pouvoir qui lui, est corrompu. La loi couvre le crime et le vol des terres.
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Entièrement d’accord Alan !!
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Tout regardé. Un samedi bien occupé avec ton excellente chronique sur ce beau Zorro, héros de notre enfance. Le documentaire sur la ruée vers l’or montre les fondations des états unis. Fondations pourries dont on paie encore les dégâts. Intéressant aussi de découvrir, enfin, qui était réellement Zorro. Magnifique Guy William… Et qu’il y avait 4 chevaux selon les scènes. J’adore zorro et Montaigne… Merci Alan et bon week-end. Alain « Bibliofeel »
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Merci pour ton commentaire qui me fait très plaisir. Le vrai zorro ne ressemblait pas à Guy Williams ou Antonio Banderas 😉 . J’aime bien le côté masqué 😉 . Williams est mon personnage préféré (le gentleman justicier) . Sa relation avec Bernardo (Gene Sheldon) est très intéressante. J’ai toujours aimé les héros qui défient l’autorité crapuleuse 😉
Salut à toi et bon wik!
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