Bonjour Mister Pigraï
J’ai bien lu votre dernière lettre (https://pigrai.wordpress.com/2019/12/02/ma-derniere-lettre-au-pere-noel/ ) mais le Père Noël dont vous parlez n’est vrai et n’existe qu’au début et à la fin de votre écrit. Je suis en phase complète avec ce que vous dites à propos de ces guignols qui arpentent les centres d’hyper consommation, les marchés à « Nono » et de la récupération mercantile de cet univers réellement féerique.
Je suis le vrai père Noël dans le sens que j’exerce vraiment cette activité dans la Nord de l’Europe et depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, si j’existe toujours, j’ai passé le relais pour la fabrication des jouets à mes employés qui ressemblent d’ailleurs plus à des inuits qu’à des lutins. Oui, je suis très âgé mais je conduis toujours mes rennes et avec l’aide de jeunes Samis, nous distribuons dans mon village (et uniquement ce village) les cadeaux dont rêvent les enfants. Nous rentrons par les portes, sans clef, et nous finissons la nuit tranquillement au coin du feu autour d’une bonne tisane légèrement agrémentée ;). Je vais maintenant vous raconter ma vraie histoire, qui va devenir celle du Père Noël, l’authentique !
Je suis né en Allemagne en 1920 juste après la première guerre mondiale qui comme vous le savez a été une période terrible dans l’histoire de l’humanité. Puis la crise économique de 1929 a éclaté. Les hivers suivants étaient bien rudes pour ma famille et j’ai appris à lire la misère dans les yeux des enfants les plus pauvres. Mon père était libraire et très érudit. Il m’a appris à ne pas me corrompre et à ne pas me faire manipuler par les autres. Cela a été primordial quand un homme fou nommé Adolf a voulu transformer de jeunes cervelles innocentes et incultes en chair à canon. A 19 ans, le 3 septembre 1939, la guerre a éclaté et je savais que j’allais faire parti des troupes de la mort. En plein accord avec mes parents, je suis parti seul avec une simple valise (quelques livres,un déguisement de jeune femme au cas où) et pris place dans un camion de déménagement vers Lübeck. Depuis ce port, j’ai embarqué clandestinement pour le Danemark direction Copenhague puis Malmö et Stockholm en Suède, pays neutre. Au début, j’avais juste envie de voyager, de profiter de ma jeunesse. je suis donc allé au bout de mes rêves vers Kiruna en Laponie.

Là, habitent les Sámis (qu’on appelle aussi les lapons, de lapp porteur de haillons), éleveurs de rennes, qui m’ont accueilli à bras ouverts. La Laponie a un climat continental avec des hivers froids et grâce aux courants du Gulf Stream des étés relativement chauds. Les saisons sont très marquées, il y a clairement le printemps, l’été, l’automne, la nuit polaire et un hiver de six mois. L’ été est court mais les températures peuvent atteindre 30° en juillet-août. L’été indien qu’on appelle Ruska se situe du 15 septembre au 1er octobre environ. La neige commence à tomber normalement en octobre. En hiver, le mois le plus froid est février où le thermomètre descend vers – 40°. Malgré ces écarts de températures, je suis tombé en amour pour ce coin de paradis avec ses montagnes, ses lacs et surtout ses habitants, particulièrement une jeune sami…
La suite au prochain article 😉
Pigrai/ La culture a du sens / Alan Mabden / Dimanche 29/12 (Tous droits de reproduction interdits)